L'industrie de la défense ne doit pas être vue seulement comme une pourvoyeuse d'emplois et de richesse, mais aussi comme une composante de la puissance, et donc de l'indépendance de la France. C'est pourquoi il est primordial qu'elle soit elle-même indépendante. Son savoir-faire connu et reconnu participe au rayonnement et à l'influence de notre pays. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : avec 14 milliards d'euros de commandes en 2016, la France se classe au troisième rang mondial des pays exportateurs d'armes, après les États-Unis et la Russie. Le savoir-faire national ainsi qu'un investissement constant en recherche et développement expliquent ce succès.
Ce secteur représente 5 000 entreprises de toutes tailles et plus de 165 000 emplois dans des centaines de métiers. Mais, au-delà des succès commerciaux à l'étranger, l'équipement des forces armées françaises est et doit rester le premier souci de cette industrie de la défense. C'est pourquoi il convient de lui donner les moyens de répondre aux besoins de nos forces, afin que la défense de la France soit autonome et ses matériels performants.
Le programme AIF – arme individuelle future – qui est évoqué dans ce rapport, et qui prévoit la livraison de 93 340 fusils d'assaut de type HK416 d'ici à la fin de l'année 2025, est un exemple type d'abandon de la filière nationale, qui a conduit l'armée française à se fournir auprès d'un fabricant allemand. Dans le secteur aéronautique, la coopération européenne montre ses limites, lorsqu'il s'agit de concevoir un chasseur comme l'Eurofighter Typhoon ou un avion de transport comme l'A400M. Les divergences en matière de cahier des charges et de savoir-faire pénalisent l'ensemble des pays participant à ces programmes.
Loin de remettre en cause la coopération européenne en matière d'armement, je souhaite rappeler que la France a ses besoins propres et que son autonomie dans ce domaine relève de l'intérêt stratégique.