Intervention de Bérengère Poletti

Réunion du mardi 21 novembre 2017 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBérengère Poletti :

Monsieur le ministre d'État, si les sujets environnementaux sont importants en France, ils sont cruciaux au niveau international, ce qui fait de la commission des Affaires étrangères un interlocuteur important pour vous, compte tenu de vos attributions. Nous vous remercions d'être venu nous rencontrer aujourd'hui et espérons que vous reviendrez régulièrement échanger avec nous, car nos thématiques communes sont nombreuses. Pour ma part, j'ai choisi de vous interroger sur les centrales à charbon et la déforestation, mais j'aimerais également que vous nous disiez un mot sur la pêche électrique, au sujet de laquelle on attend une décision européenne, ainsi que sur l'écotaxe, que de plus en plus de pays européens mettent en place alors que la France a fait machine arrière.

Comme vous le savez, on compte aujourd'hui 280 centrales à charbon en Europe, dont plus de 200 ont plus de trente ans. Si vous avez mentionné quelques pays ayant signé un accord pour revenir en arrière sur les centrales à charbon, vous n'avez pas parlé de ceux où il y en a le plus : l'Allemagne – 71 centrales –, la Pologne – 47 centrales – et la République tchèque – 45 centrales. La Grande-Bretagne n'en compte que 11 et la France seulement 4 – que vous voulez fermer deux ans plus tôt que prévu. Les centrales à charbon sont un sujet hautement sensible : elles constituent la deuxième source de production électrique en Europe, et représentent 45 % du mix électrique en Allemagne, depuis que ce pays a décidé de procéder à la fermeture de ses centrales nucléaires, et plus des trois quarts en Pologne. La France est plutôt vertueuse dans ce domaine, probablement du fait de la production d'énergie nucléaire, puisque la part d'électricité produite par les centrales à charbon y est inférieure à 3 %.

Les conséquences sanitaires du fonctionnement des centrales à charbon sont majeures, puisque chaque année, 23 000 habitants d'Europe, des Balkans ou de Turquie meurent prématurément, des suites d'une exposition aux polluants – oxyde de soufre, oxyde d'azote, etc. La prise en charge des pathologies liées représente, pour l'Europe, un coût compris entre 21 et 60 milliards d'euros. Il est à noter que la France serait le pays le plus touché par la pollution provenant de l'étranger : on lui attribue 1 200 décès annuels. Monsieur le ministre d'État, alors que le gouvernement turc souhaite doubler sa production d'électricité et vient d'annoncer la construction de 80 nouvelles centrales, je souhaite savoir quelle est la position de la France sur cette question – au sein de l'Union européenne, car la France seule peut difficilement, me semble-t-il, se faire entendre.

Pour ce qui est de la déforestation, vous avez évoqué les enjeux relatifs à la préservation des espèces végétales et animales. Je souhaite pour ma part évoquer le rôle et la position de la France en la matière. On sait que l'exploitation illégale du bois joue un rôle important dans la déforestation ; or, à croire le WWF, 39 % des bois tropicaux importés par la France seraient d'origine illégale. Quelle stratégie avez-vous l'intention de mettre en oeuvre pour y remédier ? Par ailleurs, quelles sont vos propositions sur la production de l'huile de palme, elle aussi à l'origine d'une bonne part de la déforestation ?

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