Monsieur le ministre d'État, malgré les beaux discours du Président de la République, notamment celui qu'il a prononcé à Bonn la semaine dernière, de grandes inquiétudes, légitimes, subsistent en matière de lutte contre le réchauffement climatique et de mise en oeuvre de la transition écologique – en dépit de l'urgence, rappelée il y a quelques jours, par 15 000 scientifiques du monde entier, comme vous l'avez dit vous-même cet après-midi lors des questions au Gouvernement. Ces inquiétudes portent sur le recul de l'agriculture biologique, avec la suppression du cofinancement des aides au maintien et le sauvetage in extremis – grâce à un amendement d'origine parlementaire – du crédit d'impôt ; sur le tarissement des ressources des agences de l'eau ; sur le financement en baisse des associations lanceuses d'alerte et de protection de l'environnement ; sur le manque d'ambition en matière de suppression des perturbateurs endocriniens, dont un documentaire édifiant, diffusé par Arte, démontre pourtant clairement la nocivité ; sur les inquiétudes quant au devenir des engagements pris en faveur d'une augmentation des aides au développement ; enfin, sur la non-prise en compte à leur juste mesure des objections mises en avant de longue date par la société civile, et confirmées par la commission Schubert, au sujet du CETA.
Le Président de la République a déclaré à Bonn que le seuil de l'irréversible avait été franchi, et nous le rejoignons dans ce constat. Mais que fait la France pour les générations futures, pour la sauvegarde de la planète, pour les populations des États qui subissent déjà de plein fouet les conséquences du réchauffement planétaire – je pense aux populations des îles menacées par la montée des eaux, ou aux États sahéliens, qui connaissent des épisodes de sécheresse toujours plus sévères ? Que faisons-nous pour ces populations dont la vulnérabilité n'est plus à démontrer, qui doivent quitter leurs villages, abandonner leur vie derrière eux pour se jeter dans les mains de passeurs sans scrupule ?
De beaux discours dans les instances internationales ne suffisent pas ; il faut des actes. Cette conférence sur le climat, organisée le 12 décembre prochain pour trouver des financements privés et publics, permettra de célébrer l'anniversaire de l'accord de Paris et constituera, certes, un événement bienvenu, mais, je le répète, il faut des actes. Comment la France compte-t-elle prendre le leadership souhaité et souhaitable, au niveau européen d'abord et international ensuite ? Pouvez-vous nous donner davantage d'informations sur ce que fera concrètement la France pour rassurer les pays du Sud, les plus vulnérables face au changement climatique ?
Le groupe de la Nouvelle Gauche veut croire que l'élan de l'accord de Paris n'est pas mort. Face aux changements climatiques, nous devons agir ensemble. Nous serons avec vous pour redynamiser cet accord universel et appuyer toutes les initiatives visant concrètement à inscrire la France et le monde dans un nouveau paradigme de développement. Nous sommes par ailleurs, vous le savez, à vos côtés pour réussir la transition écologique et énergétique du pays, et devons faire preuve d'exemplarité dans ce domaine. Mais aidez-nous ! Or, de ce point de vue, votre annonce d'une remise en question du calendrier et de la loi sur le nucléaire n'est pas pour nous rassurer.
Pour conclure, je souhaite vous interroger sur la compatibilité réelle entre le CETA et le respect de l'accord de Paris : que pourra faire la France si une compagnie pétrolière canadienne attaque la future loi interdisant l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures ? À défaut, je le crains, de nous rassurer sur ce point, pouvez-vous au moins nous éclairer ?