Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mardi 21 novembre 2017 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Monsieur le ministre, je ne serai malheureusement pas au Havre demain pour vous accueillir, mais je voulais vous parler de la centrale à charbon qui se trouve dans ma bonne ville – vous ne pouvez pas la rater en arrivant. La semaine dernière, je me suis rendu en Loire-Atlantique pour y visiter une autre centrale, située à Cordemais ; je peux donc considérer que je connais 50 % du parc français de centrales à charbon. L'électricien que je suis sait comment fonctionne le réseau et à quoi servent les centrales à charbon. Et je sais que si on les éteint toutes trop vite, on risque fort de devoir importer, lors des pics de consommation, de l'énergie carbonée venant d'Allemagne, ce qui serait un peu dommage. Or, comme me l'ont expliqué les responsables du syndicat CGT de la centrale de Cordemais, les salariés de cette usine ont imaginé un produit pouvant être fabriqué sur place à partir des déchets verts de l'ensemble des communautés d'agglomération, qui pourrait se substituer au charbon et permettre la mise en place de toute une économie circulaire dans la région.

En voyant cela, le « coco écolo » que je suis depuis près de vingt ans – la ville du Havre est assez exemplaire en matière d'écologie – ne peut s'empêcher de se demander pourquoi on s'apprête à fermer des centrales qui ont bénéficié de gros investissements au cours des dernières années, alors qu'elles pourraient être un espace de démonstration – temporaire s'entend, puisque personne, pas même les salariés des centrales, ne nie que le charbon n'est pas l'énergie du futur – d'un procédé innovant qui pourrait éventuellement servir aux pays en voie de développement, dans lesquels les énergies alternatives ne sont pas au niveau qui leur permettrait de répondre à leurs besoins énergétiques. Plutôt que de fermer nos centrales à charbon, pourquoi ne pas en faire des vitrines qui montreraient aux pays en voie de développement l'exemple d'une technologie susceptible de produire de l'énergie propre à partir de leurs déchets ?

Je parle de cela parce que, sur le territoire de mon ancienne circonscription – elle a été redécoupée depuis –, nous avions une cimenterie Lafarge. Autrefois, un tapis roulant électrique acheminait la craie à l'usine depuis la carrière située à quatre kilomètres ; maintenant, on a fermé la cimenterie et on importe du clinker de Maroc ou de Grèce pour le traiter dans l'ancienne cimenterie transformée en station de broyage. Le clinker, dont la production par combustion de calcaire et d'argile a déjà libéré du gaz carbonique, arrive par bateau à Honfleur – de l'autre côté de l'eau, comme on dit chez moi – avant d'être transporté par camion jusqu'au site de broyage. Je cherche toujours l'intelligence écologique d'une telle équation… Sachons raison garder et ne faisons pas la même chose avec les centrales au charbon !

Comprenez-moi bien : je ne cherche pas seulement à défendre la centrale du Havre ou celle de Cordemais ; je demande qu'on réfléchisse à l'utilité de ces outils au-delà de 2020. Ils peuvent parfaitement servir de vitrine pour une idée comme celle que j'ai évoquée – je vous ferai passer le dossier de la part des salariés de Cordemais.

Il ne faudrait pas que nous soyons extrémistes sur ces sujets. Comme, à ce jour, il n'y a pas trop eu de concertation du Gouvernement avec les parties prenantes, y compris avec EDF, peut-être pourriez-vous apporter un petit bémol aux projets en cours – et l'annoncer dès demain au Havre où vous serez toujours le bienvenu ?

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