La loi sur la transition écologique, votée en 2015, prévoyait de réduire la part du nucléaire dans notre production électrique à 50 %, en 2025. Vous avez assumé publiquement vos responsabilités avec courage en affirmant que cet engagement n'était pas réaliste. Vous avez en revanche confirmé la fermeture de la centrale de Fessenheim, d'ici à la fin du quinquennat.
La première des centrales nucléaire française, exploitée depuis 1978, est encore aujourd'hui, aux yeux du monde entier, le symbole de la politique énergétique de la France voulue par le général de Gaulle. Elle a certainement donné naissance au chantier industriel le plus ambitieux jamais réalisé, avec la construction de cinquante-huit réacteurs en quelques années. Elle a également été à l'origine de la création d'une filière industrielle d'excellence reconnue dans le monde entier, et d'un modèle singulier de développement.
Dans son discours de la Sorbonne, le 26 septembre dernier, le Président de la République déclarait : « La quatrième clé de notre souveraineté, c'est d'être capable de répondre à la première des grandes transformations du monde, la transition écologique. Cette transformation complète révolutionne notre manière de produire, de redistribuer, de nous comporter. » Et d'ajouter : « J'ai fait mon choix, je crois très profondément que l'Europe doit être à l'avant-garde de la transition écologique efficace et équitable. »
Monsieur le ministre d'État, pourriez-vous préciser la date ou la période de la fermeture de la centrale de Fessenheim ? Au-delà du reclassement indispensable des personnels, notre responsabilité, votre responsabilité n'est-elle pas, lors du démantèlement de cette centrale, de porter l'ambition du président de la République qui, je le sais, est aussi la vôtre ? Au-delà de Fessenheim, il y a plus largement le sud de l'Alsace, mais aussi l'ensemble du bassin rhénan, la Suisse, l'Allemagne. Fessenheim, situé au coeur de l'Europe, n'est-il pas le lieu idéal pour devenir le pionnier du nouveau modèle de croissance voulue et proposé par la France au reste du monde ? Il s'agit de faire naître un champion franco-allemand du démantèlement de centrales : n'oublions pas que, dans les vingt prochaines années, trois cents centrales devront être démantelées. Il est aussi possible de mettre en place localement de nombreuses filières d'avenir. Je pense aux batteries, au stockage sur place, et à la création d'un centre européen de recherche sur les énergies alternatives, comme il en existe déjà un à Fribourg, c'est-à-dire à dix kilomètres de la frontière, sur l'éolien.