Intervention de Dominique Minière

Réunion du jeudi 15 mars 2018 à 10h15
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Dominique Minière, directeur du parc nucléaire et thermique d'EDF :

Un accident comme Fukushima est-il possible en France ? Depuis le milieu des années 1990, la réponse est non, à l'évidence. Les recombineurs d'hydrogène – qui sont passifs et fonctionnent sans électricité – installés dans les réacteurs empêchent toute explosion à l'hydrogène susceptible d'endommager les enceintes en cas de début de fusion du coeur d'un réacteur. Le fonctionnement d'un recombineur est simple : il mélange l'hydrogène avec de l'oxygène et cette réaction chimique produit de l'eau. Quelques semaines seulement après Fukushima, les exploitants japonais nous demandaient d'ailleurs quel type de recombineurs nous avons installés dans nos centrales pour en commander et en équiper rapidement leurs propres centrales. S'ils avaient consenti l'effort que nous avons déployé au milieu des années 1980 pour équiper toutes nos centrales de recombineurs d'hydrogène, vous n'auriez pas vu ces explosions à l'hydrogène, qui ont été l'élément déclencheur de l'accident de Fukushima.

De même, lorsque la pression monte à l'intérieur d'une enceinte, il en résulte un risque de fissure de l'enceinte ou de rejet – qu'il faut maîtriser – vers l'extérieur des produits qui peuvent entraîner la contamination à long terme du territoire. Nous avons opté pour le rejet contrôlé vers l'extérieur en récupérant les substances en question par un filtre qui éviterait toute contamination à long terme. Les produits dispersés entraîneraient certes une contamination à court terme mais, après une évacuation de quatre-vingts jours, les riverains pourraient revenir s'installer dans la zone sans difficulté. Il ne se produirait aucune contamination à long terme du territoire.

En clair, nous pouvions garantir dès le milieu des années 1990 qu'il ne se produirait pas d'accident comme celui de Fukushima. Suite aux évaluations complémentaires de sûreté, nous avons peu à peu fait en sorte de nous éloigner de la nécessité même d'avoir à ouvrir le filtre : si la FARN parvient à ramener l'eau et l'électricité sous vingt-quatre heures, il n'est même plus nécessaire d'ouvrir le bâtiment réacteur et le filtre à sable. Si, de surcroît, nous équipons les centrales de moyens diversifiés et « en dur » d'alimentation en eau et en électricité, nous n'aurons même plus besoin de la FARN dans la plupart des cas. Autrement dit, nous nous éloignons de plus en plus du risque maximum qui consisterait à ouvrir l'enceinte. Quoi qu'il arrive, un accident nucléaire en France ne ressemblerait pas à Fukushima et ne produirait pas de contamination à long terme du territoire. Cela ne signifie pas, comme l'a rappelé Pierre-Franck Chevet, qu'il ne pourra jamais y avoir d'accident nucléaire, mais il ne se produira pas de contamination à long terme.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.