J'aimerais être habité par l'optimisme de M. Dominique Potier, mais je crains que la planète n'évolue pas vers la lumière, comme il l'a dit, et que, motivés par la recherche d'un profit aveugle, nous ne soyons plutôt précipités vers l'abîme. Tout l'objet de nos amendements est donc de faire en sorte que les mastodontes, les Léviathan que sont devenues les multinationales soient guidés par autre chose que par la quête du profit et de leur imposer des limites, des garde-fous, pour qu'ils n'écrasent pas l'environnement et les hommes. Je ne suis pas certain que le sens de l'histoire soit aussi positif que M. Dominique Potier le dit et, si je défends parfois mes amendements avec humour, j'exprime aussi une forme d'inquiétude.
Plus techniquement, je considère, en tant que journaliste, que les procédures bâillons sont au contraire les procédures qui échappent au droit de la presse. Ce que la défense de cet amendement assimile à des procédures bâillons, les procédures pour diffamation ou injure, me paraissent en l'occurrence, les seules pertinentes, et les ONG ou les journalistes ne devraient pouvoir être poursuivis que pour diffamation et injure, c'est-à-dire dans le cadre du droit de la presse et non, comme le fait M. Vincent Bolloré, qui se déporte devant les tribunaux de commerce sur le terrain du droit de la concurrence quand il est en difficulté avec le droit de la presse, comme l'a fait Conforama en poursuivant le magazine Challenges au nom du secret des affaires, comme l'a fait enfin M. Nicolas Sarkozy qui a poursuivi un journaliste pour recel.