Intervention de Dominique Potier

Réunion du mercredi 21 mars 2018 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Le groupe Nouvelle Gauche est très favorable à la création de cette commission d'enquête qui s'inscrit dans le prolongement des États généraux de l'alimentation – je pense notamment aux ateliers animés par Mme Dominique Voynet sur les questions de santé et d'alimentation, mais également aux travaux de notre collègue Guillaume Garot sur le gaspillage alimentaire, et à l'ensemble du chantier n° 2 des EGA, dont il ressort une ligne générale que j'aime à formuler comme la recherche d'une nourriture « de toutes les qualités ».

La première de ces qualités est celle du plaisir, une qualité qui fait honneur à la tradition gastronomique de notre pays. Parmi les autres qualités, on trouve également celle d'une nourriture santé, qui constitue le levier puissant d'une économie durable sur l'ensemble des territoires de notre pays.

L'une des principales questions qui se posent au sujet de l'alimentation transformée produite par l'industrie agroalimentaire consiste à se demander si les productions agricoles qui en constituent la base ne finissent pas par être perçues comme une espèce de minerai banalisé. Comme d'autres orateurs l'ont dit, il ne s'agit pas de stigmatiser une industrie agroalimentaire par ailleurs source de nombreux progrès et avantages, ni de s'enfermer dans une vision nostalgique et idéalisée du sujet, mais bien de s'assurer que cette industrie contribue à deux objectifs essentiels : d'une part, celui de la justice dans l'élaboration du prix pour les producteurs, d'autre part, celui du respect des consommateurs, notamment en matière de santé. Nous ne pouvons que suggérer la possibilité d'établir une comparaison entre les produits fortement transformés – sur lesquels le Nutri-Score est le plus pertinent –, afin que les consommateurs soient en mesure de distinguer ces produits en fonction de leur effet sur la santé.

La mission d'enquête pourrait également explorer la question de la fabrique de la norme par l'industrie agroalimentaire, notamment les grands groupes multinationaux, qui se fait parfois au détriment des pratiques de bon sens sur lesquels se fonde l'économie locale : on peut considérer que la surnormalisation sanitaire imposée par les grands groupes industriels porte préjudice aux produits fermiers, et la commission d'enquête devra mener une réflexion sur ce point.

Sur la question des marchés du monde, je rejoins les préoccupations déjà exprimées sur le risque d'un marché monde de l'alimentation, qui fait abstraction du fait que les normes sociales et environnementales françaises et européennes sont plus exigeantes que celles existant ailleurs. Ainsi, l'importation en France de produits dans le cadre du Mercosur ou du Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) risque de se traduire par l'introduction de minerai bon marché, venant concurrencer nos propres productions soumises à des règles beaucoup plus exigeantes.

Enfin, en matière d'information santé, j'aimerais que cette commission d'enquête mette en évidence les moyens déployés par la communication privée dans les médias de masse – pas seulement à la télévision, mais aussi sur les réseaux sociaux et tous les autres supports contemporains – au regard de l'effort minable que nous produisons en matière de messages de santé publique : en la matière, il est très souhaitable de procéder à un rééquilibrage.

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