Monsieur le président, monsieur le président et rapporteur de la commission de la défense, madame la ministre des armées, mes chers collègues, ce projet de loi de programmation militaire est l'expression d'une prise de conscience, celle de menaces qui ont changé, sinon de nature, au moins d'intensité. Elles sont plus complexes et imprévisibles que jamais. Et ces menaces nous obligent. Elles nous obligent à nous engager, à bâtir, à préférer l'union à la division, et la coopération au repli. Ce projet traduit ces valeurs et ces principes. C'est pourquoi le groupe du Mouvement démocrate et apparentés en est très satisfait.
Ce texte consacre la remontée en puissance de nos armées vers l'objectif assumé du Président de la République de porter, à l'horizon 2025, notre effort de défense à 2 % du PIB. Au-delà de ce chiffre, elle répond à une exigence stratégique et aux attentes légitimes de nos militaires en permettant de réparer et de renforcer un outil de défense aujourd'hui très sollicité.
Pour conclure ces heures de débats en commission et en séance publique, je voudrais appeler votre attention sur quatre dimensions essentielles de ce texte que nous avons, ensemble, amendé et enrichi.
Abordons tout d'abord le contexte international, dont la revue stratégique d'octobre dernier a livré une analyse fine afin de préparer les choix de la loi de programmation militaire en termes de priorités et d'équipements. Ces choix se traduisent notamment par l'engagement indispensable de conserver une dissuasion nucléaire crédible comme clé de voûte de notre outil de défense.
Le groupe MODEM est fier d'avoir porté des amendements destinés à compléter la vision stratégique de la France. Nous avons proposé de mieux prendre en considération les stratégies dites « intégrales » de certains acteurs, au nom desquelles les manoeuvres de conquête économique et culturelle comptent au moins autant que celles de conquête militaire. La France doit en effet trouver une réponse à ces stratégies.
Lorsque nous actualiserons la loi de programmation militaire en 2021, il sera nécessaire, selon notre groupe, de s'appuyer non seulement sur le contexte macroéconomique dans lequel nous nous inscrirons, mais aussi sur le contexte stratégique, en perpétuelle évolution. Les décisions doivent en effet être prises en fonction des besoins stratégiques et opérationnels, et pas seulement des moyens budgétaires.
Par ailleurs, et c'est sa deuxième dimension, ce texte entérine avec ambition et lucidité un modèle d'armée équilibré qui affirme l'autonomie stratégique de la France tout en assumant la nécessaire coopération européenne.
Cette autonomie stratégique est assurée par le renouvellement et la modernisation des capacités opérationnelles charnières, par les moyens et les effectifs supplémentaires alloués au renseignement, à la cyberdéfense et à la Direction générale de l'armement ainsi que par le soutien à notre industrie de défense.
Notre groupe se réjouit aussi des ambitions européennes portées par le texte. En ces temps d'incertitude, il est crucial d'envoyer à nos partenaires le message d'une France qui prend ses responsabilités. Nous le voyons bien : nous avons besoin de nos partenaires européens au Sahel, en Libye, en Ukraine. Il est donc temps de donner corps aux initiatives de coopération européenne pour que l'Europe qui protège soit une réalité.
J'en viens à mon troisième point : notre groupe veut saluer la sincérité budgétaire de ce texte. Certes, une partie importante de l'effort concerne l'après-quinquennat, ce qui appelle notre vigilance collective. Mais le Gouvernement a pris soin de prévoir une actualisation en 2021 pour assurer avec le Parlement, en responsabilité, la fin de la programmation.
Surtout, la sincérité de cette loi s'exprime sur le plan budgétaire par le recours exclusif à des crédits budgétaires, et par l'augmentation réaliste de la provision dédiée au financement des opérations extérieures, les OPEX. Ce n'était pas le cas dans les programmations précédentes.
Enfin, je voudrais évoquer la quatrième dimension essentielle de ce texte, la condition militaire.
Nos militaires sont le coeur de nos armées, ils sont la priorité de notre politique de défense. Nul besoin de rappeler leur courage ; il l'ont manifesté il y a quelques jours encore au Sahel comme sur le territoire français. Ils méritent toute notre reconnaissance.
À cet égard, le texte est très satisfaisant, notamment lorsqu'il prévoit de développer leurs équipements de protection personnelle ou de leur ouvrir des droits politiques.
Mes collègues et moi-même sommes d'ailleurs fiers d'avoir animé le débat autour de la participation des militaires à la vie politique locale. C'est une belle avancée démocratique.
Nous avions aussi à coeur de promouvoir l'engagement de nos jeunes dans les réserves militaires et nous sommes heureux que cette assemblée se soit associée à cette préoccupation.
Vous l'aurez compris, notre groupe soutient avec enthousiasme ce projet de loi ambitieux, lucide et sincère, pour nos armées et pour notre pays.