Le délai de l'examen des dossiers était de quatorze mois en 2016 ; il a été réduit à onze mois en 2017 et notre objectif est de parvenir à un délai de six mois après le vote de la loi.
Pour ce qui est de la zone rouge, ce qui a été dit est très juste : il faut sécuriser les régions concernées pour que l'activité économique puisse reprendre.
Je ne suis pas chargé de la coopération décentralisée. Reste qu'avec le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, nous avons décidé de coordonner beaucoup mieux le travail de l'AFD et celui des villes, des régions et des départements pour aider au développement de certains pays, en particulier ceux soumis à des phénomènes migratoires et ceux de transition.
Je m'accorde également avec ce qui a été dit à propos de la transition démographique. Il est clair que si les gens continuent d'avoir huit à dix enfants, cela continuera à poser des problèmes. Nous en avons discuté ouvertement lors de la conférence de Niamey. On nous a signalé que dans des villages un peu reculés, on distribuait des contraceptifs mais qu'il n'y en avait pas toute l'année ; on comprendra que, dans ces conditions, il est difficile de contrôler les naissances.
M. Tan a lui aussi tout à fait raison : si de nombreuses associations s'occupent des six mois ou de l'année que requiert la demande d'asile, dans les cités un peu difficiles de toutes les villes de France, je vois moins de gens s'en préoccuper. Je suis allé visiter le quartier de la Mosson à Montpellier, celui du Mirail à Toulouse, et je n'y pas vu des masses considérables de bénévoles prenant les publics concernés en charge – peut-être parce qu'on est ici en pleine réalité, dans la vraie vie, et qu'il ne s'agit pas de se contenter de faire preuve de bienveillance. Dans ma vie antérieure, j'ai essayé de mener une politique de mixité sociale. Là où il y avait 90 % de logements sociaux, nous avons lancé des plans de rénovation urbaine et ainsi ramené un certain nombre de couches moyennes. Par contre, dans les quartiers up to date, comme on dit, comme le quartier de la Confluence, où les logements les plus chers coûtent 8 000 euros par mètre carré, ce qui ne serait pas cher à Paris, mais l'est extraordinairement à Lyon, nous avons construit 35 % de logements sociaux. J'ai une expérience de plus de quinze ans en la matière, et cela marche : la socialisation se fait et les gens d'origine étrangère sont aspirés vers le haut. Si nous n'allons pas dans ce sens, nous connaîtrons de très grands problèmes. Je suis par conséquent d'accord : on ne juge pas une action sur les six premiers mois mais sur la façon dont les gens parviennent, en quinze ans, à s'insérer dans la société, à s'y construire un avenir. Mon idéal n'est pas que tous ces gens finissent, au bout de dix ans, livreurs de cannabis, d'héroïne ou de cocaïne.
Pour ce qui est des laissez-passer consulaires, mes homologues ministres de l'intérieur, l'année dernière, m'en ont accordé six et ils m'ont promis de faire cette année un effort considérable et m'en ont déjà accordé sept. C'est un progrès mais face à 10 000 personnes qui arrivent, ce n'est pas suffisant, et cela ne l'est pas non plus en regard de notre gros effort financier. Nous avons nommé un ambassadeur, M. Pascal Teixeira da Silva, spécialement chargé de s'occuper des laissez-passer consulaires. J'ai pour ma part mis en place une task force, au ministère de l'intérieur, de manière à centraliser les demandes des préfets. Ainsi, en cas de dysfonctionnement, je peux appeler soit l'ambassadeur, soit le ministre de l'intérieur concerné.
Bruno Fuchs m'a interrogé sur notre capacité d'exécuter les décisions de reconduite à la frontière. Nous avons reconduit davantage de déboutés ces derniers mois et nous allons nous donner les moyens d'être plus efficaces encore. Pourquoi serions-nous plus efficaces que les gouvernements précédents ? C'est une question de volonté. On me posait la même question quand je suis devenu maire de Lyon. Quinze ans plus tard on ne me la pose plus.