Intervention de Nicole Belloubet

Séance en hémicycle du mardi 3 avril 2018 à 15h00
Débat sur l'application d'une procédure d'amende forfaitaire au délit d'usage illicite de stupéfiants

Nicole Belloubet, garde des sceaux, ministre de la justice :

Monsieur le député, vous posez une question de société extrêmement intéressante, qui mérite, comme vous le dites, un débat apaisé. J'y suis pour ma part très favorable et je crois que le rapport que vos deux collègues ont remis est, d'une certaine manière, l'occasion d'un tel débat.

La dépénalisation des drogues douces est une mesure soutenue en France par de nombreuses associations, ainsi que par des magistrats. Cette question m'a déjà été présentée, du point de vue de la justice, à plusieurs reprises. Des expériences sont menées à l'étranger, vous avez eu raison de le souligner ; elles méritent d'être évaluées avec précision, car je crois qu'elles ont donné des résultats divergents, et qui ont évolué dans le temps. En tout cas, cela pourra faire l'objet d'un débat extrêmement intéressant et tout à fait légitime. Le projet de loi que je proposerai en fournira sans doute l'occasion.

Comme je l'indiquais dans mon discours introductif, la réflexion du Gouvernement ne va pas dans le sens d'une dépénalisation. Nous avons des arguments en faveur de ce point de vue à faire valoir. Ce que nous voulons faire, en permettant le recours à une amende forfaitaire délictuelle en matière d'usage de stupéfiants, c'est au contraire de maintenir la force de l'interdit, en rappelant qu'il s'agit d'un délit ; c'est de faciliter une sanction plus rapide et de nature pécuniaire, alors que, jusqu'à présent, les autorités se contentaient d'un simple rappel à la loi ; c'est de maintenir, pour les usagers qui ont des problèmes aigus de toxicomanie, la possibilité, inscrite dans la politique pénale définie par les parquets, de recourir à des réponses sanitaires et sociales adaptées. Nous entendons ainsi marquer une nouvelle étape de la politique pénale en matière de lutte contre la toxicomanie, par laquelle nous entendons signifier que nous refusons la fatalité de la banalisation de produits qui détruisent la santé de nos concitoyens et qui les mettent en danger dans leur vie quotidienne.

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