Madame la garde des sceaux, au moment où s'ouvre un débat sur l'allégement des peines liées à la consommation de cannabis, avec la mise en oeuvre de simples contraventions pour les fumeurs pris sur le fait, il nous semble urgent d'ouvrir un vrai débat sur les politiques préventives.
Il existe de fortes inégalités face à la consommation de cette substance, avec – si vous me permettez ce raccourci – , d'un côté, les « bobos », dont la consommation est récréative et ludique, et, de l'autre côté, des consommateurs en grande difficulté sociale, qui sont plutôt dans une logique de « défonce ».
La dépénalisation, ou plutôt – puisque la décision n'est pas encore prise – le pas en avant vers un allégement des peines, s'il règle le problème d'engorgement de la justice, n'aura pas d'effet sur les conséquences sanitaires et sociales préoccupantes d'une consommation massive qui touche une frange importante de la population.
Aujourd'hui, la médecine scolaire est laminée, par manque de moyens. Elle est dans l'incapacité de s'engager dans les contrats locaux de santé. Trop souvent, l'éducation nationale est aux abonnés absents pour la mise en oeuvre de ceux-ci, alors que l'école serait le lieu idéal pour développer des politiques préventives efficaces en direction des jeunes exposés aux risques du cannabis.
Il en va de même pour la médecine du travail : alors que les visites médicales dans le cadre professionnel permettraient de lancer une vaste campagne de sensibilisation et de prévention, la médecine du travail a elle aussi été égratignée, laminée, démantelée.
Ma question est simple, madame la garde des sceaux : au moment où vous prônez des mesures d'allégement, de désembouteillement…