Monsieur le secrétaire d'État, le pouvoir d'achat n'est pas une question abstraite. C'est une question de rapport de forces. Il faut donc en discuter à partir de cas précis.
À Carrefour, un plan social prévoit la suppression de 10 000 emplois au total. Le basculement de sites vers le statut de location-gérance, qui les exclut des accords d'entreprise de Carrefour, retire plus d'un mois de salaire aux employés concernés. Avec mes collègues de La France insoumise, j'ai soutenu la grève des salariés en lutte contre cette situation intolérable et je veux leur adresser à nouveau un salut fraternel depuis cette assemblée.
Quelle ironie, que Carrefour ose, dans le contexte actuel, maltraiter à ce point celles et ceux à qui l'entreprise doit sa richesse ! Cette richesse, elle la doit à ses travailleurs, qu'elle attaque, mais aussi à l'ensemble des Français. Depuis 2013, en effet, les contribuables ont versé 744 millions d'euros à Carrefour et la Sécu a été privée de 2 milliards d'euros de cotisations salariales. Dans le même temps, Carrefour versait 2,4 milliards d'euros de dividendes à ses actionnaires. Cela signifie que chaque foyer imposable a donné 44 euros aux actionnaires de Carrefour et que la direction de Carrefour a versé l'équivalent de toutes les aides reçues à ses actionnaires : les voilà, les assistés qui nous coûtent cher !
De plus, Carrefour est également un grand utilisateur de l'optimisation fiscale via la Belgique. Lorsqu'un groupe fraude le fisc, monsieur le secrétaire d'État, on le sanctionne – on ne l'arrose pas d'argent public.
Le lendemain de l'annonce du plan mal nommé « social », l'action Carrefour a pris 6 %. Ces gens n'ont jamais fini de se gaver et de s'en satisfaire. Les bénéficiaires de votre politique, qui a baissé l'impôt sur le capital, sont également ceux qui sabrent le champagne à chaque licenciement – mais comment le leur reprocher lorsque la ministre du travail, Mme Pénicaud, a elle-même touché des bonus pour les plans sociaux qu'elle supervisait à Danone ?