Intervention de Bruno Millienne

Séance en hémicycle du jeudi 5 avril 2018 à 9h30
Augmentation du pouvoir d'achat grâce à la création d'un ticket-carburant — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Millienne :

… en distribuant de l'argent que nous n'avons pas. Mes chers collègues, pourquoi ne pas proposer de vraies réformes, de vraies solutions, structurantes pour ces territoires ? Sur la question de la mobilité en zone rurale, votre texte fait preuve d'une totale malhonnêteté à leur égard. Ainsi, vous proposez un dispositif qui encourage le recours aux déplacements automobiles alors que, vous le savez aussi bien que nous, la voiture – sous sa forme actuelle, essence ou diesel – n'est pas l'avenir du transport, ni la mobilité de demain en milieu rural. Proposez-nous au contraire des pistes de réflexion à l'approche du débat sur les mobilités ; la loi à venir, qui sera présentée d'ici à la fin de l'année, traitera de ces sujets et permettra d'encourager les mobilités innovantes dans le respect des objectifs de la France en matière de transition énergétique. L'avenir de la mobilité dans la ruralité, c'est notamment le transport autonome, à la demande, propre et reliant entre eux les différents centres-bourgs, les écoles et les gares. L'avenir de la mobilité en zone rurale, c'est aussi un accompagnement vers une transformation du parc automobile. Et je ne parle pas uniquement de l'électrique, bien au contraire : ne reproduisons pas l'erreur que nous avons commise avec le diesel, ne mettons pas tous nos oeufs dans le même panier et diversifions les solutions alternatives, poussons les recherches sur le moteur à air comprimé ou à hydrogène.

Un discours de vérité, cela aurait été de dire que la voiture et les transports tels que nous les connaissons aujourd'hui vont évoluer et qu'il faudra proposer un dispositif opérationnel, d'importance et innovant.

En outre, monsieur le rapporteur, quel est le coût de votre proposition ? Vous avez estimé le manque à gagner à 750 millions d'euros par an ; mais quelles sont vos pistes de financement ? Je vous pose la question à vous qui nous rappelez matin, midi et soir à nos objectifs de réduction de la dette. Vous comparez votre ticket-carburant au ticket-restaurant : sachez tout de même que le dispositif des tickets-restaurant entraîne pour les finances publiques un manque à gagner annuel de 1,53 milliard d'euros. Ce n'est pas rien !

Enfin, et j'en terminerai par là, ce que vous proposez a déjà été mis en place – sans véritable succès.

En somme, vous proposez le retour du chèque transport instauré par la loi du 30 décembre 2006 pour le développement de la participation et de l'actionnariat salarié, adoptée sous le gouvernement Villepin. Ce dispositif avait ensuite été abandonné, les employeurs le jugeant trop complexe à gérer. En 2008, le Premier ministre, François Fillon, votre candidat à la dernière élection présidentielle, avait annoncé une aide directe de 200 euros par an pour les salariés confrontés au coût élevé des trajets entre leur domicile et leur lieu de travail.

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