Je dis toujours qu'il faut chercher en France, et que si l'on ne trouve pas, il faut aller chercher ailleurs. C'est la raison pour laquelle j'insiste sur ce point : les groupes doivent être à la fois pluralistes et internationaux.
Ailleurs, la société civile a mis en place des mécanismes permettant de faire émerger des experts indépendants. Aux États-Unis, l'expertise indépendante se renforce grâce à des ONG de très haut niveau, financées par des fondations privées, avec des budgets de plusieurs centaines de millions de dollars ; des services entiers sont dédiés aux questions de l'énergie et du nucléaire. En Allemagne, on observe le développement de think tanks, d'Öko-Institute, qui peuvent employer jusqu'à 200 personnes dans des départements dédiés.
Peut-être les chercheurs du CNRS pourraient-ils être sollicités, ainsi qu'Yves Marignac, que vous avez d'ailleurs auditionné et que je considère comme le meilleur expert français à l'heure actuelle ? Mais il faudrait aussi faire appel à des experts étrangers.
La création de compétences, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Ce n'est pas en installant un groupe de travail que vous ferez émerger une compétence structurelle. Il faut aussi en finir avec cette exclusivité donnée aux écoles d'ingénieurs dans la formation aux techniques et aux sciences du nucléaire. Pourquoi n'enseigne-t-on pas ces matières à l'université ? C'est pour moi un grand mystère. C'est aussi parce qu'il est nécessaire de faire émerger une compétence extérieure aux entreprises du secteur qu'il faut réorienter la formation.