Il y a incontestablement une réduction de la marge de sûreté et de sécurité des installations en France. Personne ne se mettra jamais d'accord sur l'évaluation de cette marge mais on est très clairement entré dans une phase d'acceptation de cette réduction de la marge, ce qui m'inquiète beaucoup. Cette acceptation a plusieurs origines. En ce qui concerne la cuve de l'EPR, l'ASN a accepté un dispositif qu'il est interdit de casser, mais qui ne correspond pas aux spécifications techniques et qui réduit la marge de sûreté de l'installation. Ce n'est qu'un cas de figure parmi d'autres et, pour moi, le grand problème réside dans l'accumulation de ces cas de figure. Certaines installations sont vieillissantes. De nouveaux problèmes de sécurité se posent – les drones en sont un exemple. D'ailleurs, on parle toujours des drones comme étant susceptibles de transporter des explosifs mais ils peuvent aussi siphonner des informations pour les communiquer. Citons aussi les problèmes génériques récents des diesels et les problèmes de digues de la centrale du Tricastin. La logique des défenseurs de l'enfouissement en profondeur consiste à dire que le problème des casse-siphon manquants n'est pas grave parce qu'il y a d'autres systèmes qui permettent de pallier ce manque, mais lorsque les problèmes se combinent, que des diesels ne fonctionnent pas et qu'une coupure de courant externe fait qu'il n'y a plus d'électricité sur un site, un grand nombre d'options en profondeur ne sont plus opérationnelles. Il faut toujours être prudent et dire les choses comme elles sont sans exagérer. Je ne saurais donc parler de dangerosité dans le sens généralisé du terme mais il me paraît clair qu'on est dans une phase de baisse significative des marges de sûreté et de sécurité.