Intervention de Marie-Pierre Rixain

Réunion du mercredi 21 mars 2018 à 16h35
Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Pierre Rixain, présidente :

Mes chers collègues, nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui Mme Françoise Nyssen, ministre de la Culture.

Madame la ministre, la Délégation vous remercie très chaleureusement d'avoir accepté son invitation et d'être présente pour échanger avec elle sur la place et la représentation de la femme dans l'environnement culturel et, plus largement, communicationnel.

Cette audition sera l'occasion de revenir sur les actions en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes que le ministère de la Culture a engagées depuis votre prise de fonctions : feuille de route « Égalité 2022 » annoncée le 7 février dernier ; obtention du label « Égalité » en octobre 2017 ou encore création du réseau de femmes « Cultur'elles » cet automne. Toutes ces annonces démontrent un réel attachement à faire progresser l'égalité, que nous ne pouvons que saluer au sein de la Délégation aux droits des femmes.

L'obligation de résultat en matière d'égalité réelle que vous avez imposée au sein de votre ministère et l'élan avec lequel vous souhaitez entraîner l'ensemble des institutions culturelles de France sont les marqueurs d'une réelle volonté de changement. En effet, l'implication de l'ensemble des parties prenantes et des institutions culturelles pour promouvoir et organiser une culture de l'égalité nous apparaît comme le signe d'un avenir meilleur. Peut-être pourrez-vous nous décrire le climat des négociations du protocole d'accord sur l'égalité professionnelle ou encore la transformation des organes de régulation et de financement des contenus culturels.

Les actions que vous menez partent d'un constat simple. Aujourd'hui, moins d'un artiste sur quatre exposés dans un Fonds régional d'art contemporain (FRAC) est une femme ; moins d'un long-métrage agréé sur quatre en France est réalisé par une femme ; et seuls trois des dix-neuf centres chorégraphiques nationaux sont dirigés par une femme – une situation regrettable qui ne concerne pas le seul monde de l'art.

En effet, le ministère est également chargé des questions liées à la communication et aux médias. À cet égard, la Délégation ne saurait que trop rappeler qu'il existe encore des inégalités, du sexisme et des stéréotypes dans les contenus qui touchent le plus grand nombre.

Prenons l'exemple de la télévision. Les femmes restent encore minoritaires dans les programmes télévisuels et occupent majoritairement des seconds rôles. On compte trop peu de femmes parmi les experts invités, les politiques interrogés ou les intellectuels écoutés. La télévision, dont l'empreinte sur le public est signifiante, doit promouvoir la femme dans un rôle sérieux. Il est important que ce média, comme les autres d'ailleurs, ne se cantonne pas à la seule représentation de la femme divertissante. Quelles actions faut-il mener pour changer les mentalités ? De la pédagogie, des quotas réglementaires, des sanctions financières ? Faut-il revoir les critères d'acceptation des autorités qui régulent ces contenus et celles qui les financent ?

« On s'étonne trop de ce que l'on voit rarement et pas assez de ce que l'on voit tous les jours » disait madame de Genlis. S'étonner de ce que l'on voit tous les jours sur les écrans et les médias, c'est ce qu'il faut faire. Un trop grand nombre de publicités marquées par les stéréotypes et l'assignation des genres à un rôle est encore diffusé sur nos écrans. Les femmes ne font qu'entretenir, tandis que les hommes achètent. Pire, la femme est avant tout un corps, un objet : 67 % des publicités sexualisées mettent en scène des femmes ; 54 % des publicités nues mettent en scène des femmes. Ces représentations déformées ont des conséquences lourdes en termes d'éducation et de figurations mentales.

Plus largement, je pense qu'il faut faire davantage de place aux femmes dans les instances de régulation et de financement afin de changer ces représentations et offrir plus de visibilité aux femmes artistes. Mais peut-on se passer de régulation pour dire aux acteurs privés ce qui est tolérable ou non lorsque l'on crée une image de la femme ?

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