Je vais vous donner un exemple. Il se trouve que j'ai été ministre de l'agroalimentaire, et j'ai mené ce type de démarche avec deux catégories de produits : le pain, pour diminuer la teneur en sel ; et les boissons rafraîchissantes pour diminuer les teneurs en sucre. Au bout de deux ans, on y est arrivé. Aujourd'hui, la baguette contient 18 grammes de sel par kilo de farine contre 22 grammes lorsque j'ai pris mes fonctions au ministère. Nous avons travaillé avec les boulangers ; nous ne prônons pas la contrainte, mais le partage d'objectifs, et cela produit des résultats. La même chose vaut pour les boissons rafraîchissantes, autre nom des sodas.
Bien sûr qu'il faut faire les choses de façon progressive. J'avais interrogé une grande marque de yaourt qui avait essayé de réduire la teneur en sucre de ses crèmes dessert, mais trop vite, et le consommateur n'avait pas suivi car il ne retrouvait pas le goût de sa crème dessert traditionnelle. On y est arrivé par des diminutions progressives.
Je souhaite que ces réussites soient davantage valorisées et généralisées à l'ensemble des catégories de produits pour lesquels interviennent les recommandations du PNNS. Il ne s'agit pas de créer des contraintes supplémentaires, mais d'associer les acteurs à la réussite d'une alimentation plus saine. C'est l'attente des consommateurs et des citoyens.
On ne peut pas dire que l'on fait tout ce que l'on peut pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires, contre l'obésité, contre certains cancers, et ne pas prendre les moyens d'associer, dans une démarche collective, ceux qui sont prêts à s'engager mais qui ont besoin qu'on leur montre le cap et que l'on dise politiquement que nous sommes prêts à les accompagner – je veux parler des acteurs de l'alimentation.