Je ne pense pas, madame la rapporteure pour avis, qu'il s'agisse de « stigmatiser » les salariés des abattoirs. Savez-vous qu'aujourd'hui en Italie, ce sont les salariés eux-mêmes qui demandent la mise en place de dispositifs de contrôle vidéo afin de les protéger ? J'ai parfaitement conscience que le métier d'opérateur en abattoir est probablement l'un des plus difficiles qui soient, sur le plan physique comme sur le plan psychologique, et je vous demande de ne pas caricaturer mes propos.
Je rappelle que les salariés des abattoirs travaillent déjà sous le contrôle de l'État, et sont passibles de sanctions. Vous avez évoqué l'inspection générale des abattoirs demandée par M. Stéphane Le Foll : si cette inspection a eu lieu, c'est bien parce que l'association L214 a donné l'alerte en diffusant des images – et il y avait bien lieu de le faire, puisque l'inspection a révélé que 80 % des chaînes d'abattage présentaient des non-conformités, importantes ou mineures. De même, les procès qui se tiennent en ce moment même à Alès et à Pau s'appuient sur les éléments de preuve constitués par les images tournées dans les abattoirs.
Enfin, vous évoquez l'aspect légal. Sur ce point, la CNIL nous a très clairement indiqué que la mise en place d'un contrôle vidéo obligatoire dans les abattoirs nécessitait une loi comportant la définition d'une finalité. Pour éviter toute polémique basée sur la crainte d'un « flicage » des salariés, seule l'inspection vétérinaire aura accès aux images, puisqu'elle est la seule à disposer de la capacité de contrôle. Il est donc exclu que toute autre personne puisse visionner les images, et notamment que le directeur les utilise à d'autres fins, par exemple pour surveiller les cadences.
Je le répète, il ne s'agit pas de stigmatiser, mais de fournir à l'inspection vétérinaire, insuffisamment nombreuse dans les abattoirs, un moyen de contrôle supplémentaire.