Puisque la commission des affaires économiques est saisie pour avis, je souhaitais formuler le mien : dans cette affaire personne n'est pris en traître parce que la question de l'ouverture à la concurrence, comme l'a dit tout à l'heure M. Bertrand Pancher dans l'hémicycle, est discutée en France et au Parlement depuis de nombreuses années.
Ensuite, personne ne peut nier que la SNCF est confrontée à des enjeux de restructuration de l'entreprise, d'évolution du statut de ses collaborateurs, les cheminots, et de restructuration d'une dette qui a doublé en vingt ans, de modernisation des infrastructures ferroviaires, notamment des lignes de proximité. M. Antoine Herth a évoqué à juste titre Gares & Connexions.
C'est un dossier difficile, mais je suis convaincu que la France et la SNCF vont réussir à opérer cette mutation parce qu'il y a nécessité d'harmoniser le marché ferroviaire européen.
Le Gouvernement sait sans doute ce qu'il a à faire, mais j'entends ce que disent dans les médias nos collègues de la majorité et je veux les mettre en garde : dans cette affaire, nous avons intérêt à faire la pédagogie de la réforme plutôt que de la provocation… Ainsi, affirmer que les cheminots et un certain nombre de Français seraient des adeptes de la grève par « gréviculture » est déplacé.
Pour ma part, je souhaite que l'essentiel ne soit pas oublié et nos collègues Sébastien Jumel, François Ruffin et Daniel Fasquelle ont donc raison de dire que l'on ne doit pas parler que de chiffres et de concurrence, mais de mobilité, de transport de voyageurs et de transport de marchandises.
L'aspect social de cette réforme ne doit pas non plus être négligé, car il est déterminant. Aussi il convient de rappeler – c'est en ce sens que je parlais de pédagogie de la réforme – que les cheminots sous statut bénéficieront toujours demain de la garantie de l'emploi, et que leur statut social, leur système de retraite seront préservés, ce qui est normal.
Ce qui est proposé, c'est une évolution pour les entrants, il en ira ainsi pour les cheminots, mais il faut bien avoir conscience que, fonctionnaire ou pas, tous nous serons demain logés à la même enseigne : députés, acteurs du secteur privé seront aussi amenés à évoluer.