Alain Minc disait grosso modo que le marché était inéluctable, qu'on ne pouvait pas s'y opposer et qu'il était comme la pluie ou la loi de la gravité. En l'occurrence, vous faites un vrai choix politique qui est d'installer le marché : le marché n'a donc rien d'inéluctable. Et non seulement on est dans un économisme étroit qui limite de plus en plus la liberté humaine – puisque vous dites que ce n'est pas à nous mais au marché de décider – mais voilà maintenant que s'y ajoute l'idée que la technologie est inéluctable. Je ne le crois pas. Face à la technologie aussi, nous avons des choix à faire, notamment pour maintenir le contact humain. Les gens ne vont pas naturellement se tourner vers le numérique puisque vous dites vous-mêmes que les personnes âgées et les personnes fragiles seront exclues de ce mouvement et qu'il faudra les former, une fois que les personnes physiques auront disparu et auront été remplacées par un système à distance, requérant du matériel numérique. Enfin, on est pris en tenaille entre les entreprises, maîtresses de la décision dans le cadre de l'ouverture à la concurrence, et les régions autorités organisatrices : que restera-t-il à l'État et à la Nation dans tout cela ?