J'ai entendu M. le ministre d'État, que je remercie de son exposé, expliquer que ce texte était nécessaire pour que les choses changent pour les populations, par exemple à Calais, dont plusieurs collègues ont parlé et dont je suis le député. Ce qu'on voit plutôt, contrairement à ce qui nous a été dit lors de vos multiples visites sur le terrain, monsieur le ministre d'État, ou lors de la venue du Président de la République qu'accompagnaient plusieurs ministres il y a quelques semaines, c'est que ce texte ne changera rien à la situation locale.
On avait promis des évolutions extrêmement importantes de nature à résoudre la crise migratoire que nous connaissons à Calais car, contrairement à ce que beaucoup peuvent encore penser ici, 500 à 700 migrants y restent présents. Cette zone grise où des personnes migrantes peuvent demander l'asile, mais ne le font pas, demeurera après l'adoption de ce texte, quels que soient les amendements déposés par les membres de la majorité.
La lecture de ce texte suscite donc vraiment un sentiment de déception aggravé par les vingt-cinq ans d'inaction gouvernementale passée, avec cet apogée : le précédent gouvernement a laissé se créer le plus grand bidonville d'Europe où des migrants étaient entassés dans des conditions indignes de la cinquième puissance mondiale. Quant au démantèlement présenté comme un grand succès, il a surtout apporté la preuve d'une faiblesse manifeste qui aura duré plus d'un an.
J'appelle aussi votre attention sur les conséquences du Brexit. Le Royaume-Uni sortira des accords de Dublin, ce qui suscitera un afflux migratoire à ses portes, donc dans le Calaisis. Dans moins d'un an, le Royaume-Uni aura officiellement quitté l'Union européenne. Il est absolument nécessaire d'anticiper afin d'éviter que ne se reconstitue la réalité dramatique de ces dernières années. J'aurais aimé qu'on le fasse, dans ce projet de loi ou au moins au cours des discussions préalables.