Par sa force et sa profondeur de frappe, la France a confirmé son statut de puissance politique et militaire. Ses armées, avec nos alliés, sont intervenues avec rapidité et efficacité, tout en assurant des garanties nécessaires pour protéger les populations civiles.
Pour autant, cette intervention n'est pas le prélude à une guerre. Nous n'entrons pas dans une logique d'escalade. Nous avons frappé les capacités chimiques du régime et non les alliés du régime, malgré nos divergences de vues qui sont claires. Le Président de la République continue à dialoguer avec ses homologues car nous ne voulons pas renoncer à la seule option qui soit porteuse d'avenir : la solution politique.
Notre action a recueilli un très large soutien international, tant de la part de nos alliés, en particulier l'Allemagne – qui a souligné son caractère nécessaire et proportionné – que des grandes organisations internationales. L'Union européenne, l'OTAN comme le Conseil de coopération des États arabes du Golfe se sont, par la voix de leurs représentants, très clairement et très favorablement exprimés. Samedi dernier, le Conseil de sécurité a massivement rejeté, par huit votes négatifs et quatre abstentions, le projet présenté par la Russie pour condamner l'intervention. La très grande majorité des membres du Conseil ne souscrit donc pas à l'affirmation selon laquelle notre action serait contraire à la légalité internationale. Aux yeux de tous, elle témoigne en outre de notre autonomie de décision.
Au-delà de cette opération militaire, nous allons désormais poursuivre nos efforts pour relancer activement un processus de règlement aujourd'hui à l'arrêt. Le Conseil de sécurité des Nations unies en a fixé le cadre. Outre la résolution 2118 que j'ai citée, la résolution 2401, également adoptée par la Russie, prévoit une trêve immédiate qui doit permettre la reprise de l'aide humanitaire : 13 millions de Syriens, dont 6 millions d'enfants, doivent en effet recevoir une aide urgente et vitale. En outre, plus de la moitié de la population syrienne a dû quitter son foyer.
Le Président de la République va annoncer une initiative impliquant une montée en puissance des financements français et européens ainsi que l'élaboration d'un plan d'ensemble dans lequel s'inscriront l'ensemble des projets, en coordination avec nos principaux partenaires, l'ONU, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, le Comité international de la Croix-Rouge, le CICR, ainsi que les organisations non-gouvernementales.
La résolution 2254, quant à elle, prévoit l'adoption d'une nouvelle constitution et l'organisation d'élections libres en Syrie. Nous devons renforcer le consensus international en faveur d'une solution politique inclusive : l'instance de concertation, qui réunit les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Arabie saoudite, la Jordanie et la France, doit ouvrir une négociation avec l'Iran, la Russie et la Turquie.
Mesdames et messieurs les députés, si la force n'est jamais une fin en soi, l'histoire nous a appris qu'en différer l'usage face à l'inacceptable achète souvent un repos illusoire qu'il faut plus tard payer au prix fort.
Avoir recours à la force est un acte lourd et grave. Tous ceux qui ici, sur ces bancs, ont eu à prendre ou à accompagner de telles décisions, le savent : l'action comporte un risque. Elle a un coût. Un coût humain. Un coût politique.
Je voudrais vous faire partager la conviction que le risque comme le coût de l'inaction étaient, en l'espèce, plus grands encore.