Un vote de la représentation nationale donne de la force à une décision du Président de la République qui ne s'appuie pas sur la force du droit international.
J'ai le privilège, triste à bien des égards, de m'exprimer pour la troisième fois devant un premier ministre qui défend la décision d'un président de recourir à la force en Syrie. Vous êtes donc, monsieur le Premier ministre, le troisième, après M. Ayrault et M. Valls, auquel je réponds.
Vous n'avez pas oublié, chers collègues – pour ceux d'entre vous qui étaient là – , le fiasco du débat de septembre 2013 : un président de la République qui décide, déjà à la suite de l'emploi d'armes chimiques, de nous informer que la France va intervenir. Tabou absolu du droit international depuis le protocole de Genève de 1925, comme vous l'avez rappelé, monsieur le Premier ministre, l'utilisation de gaz est un acte barbare, sauvage et inhumain. Hier comme aujourd'hui, c'est l'honneur des grandes démocraties d'être inflexibles. Vous savez ce qu'il advint de cette intervention : lâché par le président Obama et par le parlement britannique, François Hollande a renoncé. Il n'avait d'ailleurs pas vraiment d'autre choix, car, sans mandat des Nations unies, cette intervention était vouée à un échec politique.
Nous connaissons la suite de l'histoire. En deux ans, la situation est devenue incontrôlable. L'État islamique a imposé un califat de la terreur – un califat, ne l'oubliez pas, qui avait imposé le viol, la torture, l'esclavage des femmes ; une barbarie dont ont été victimes les chrétiens d'Orient, les Yézidis, les Kurdes, les populations civiles syriennes ;