Après cinq années de tâtonnements, d'errements parfois, je crains que la France n'ait choisi, à nouveau, l'isolement au Levant ; un isolement qui l'empêchera de peser sur le cours des choses. Vous avez annoncé des initiatives politiques et diplomatiques, mais nous n'avons pas été rassurés – ni par les mots du Président de la République ni par les vôtres, monsieur le Premier ministre. Nous n'avons pas compris, en vérité, premièrement, si la Russie et les puissances régionales étaient des interlocuteurs crédibles et souhaités par la France, deuxièmement, si Bachar el-Assad était aux yeux de la France un acteur du règlement global. Nous pensons quant à nous qu'il est temps de dire aux Français ce que nous cherchons en Syrie et quels sont nos objectifs – si nous en avons. Faute de quoi, les frappes aériennes de samedi n'auraient été que la manifestation d'une forme d'impuissance sur le fond.
Certains médias et lui-même peuvent être tentés d'accréditer que le Président Macron est, dans cette affaire, un chef de guerre, mais ce n'est pas le cas ; il est le chef de l'État, le chef des armées, qui doit agir, d'abord, et même seulement, pour défendre les intérêts vitaux et stratégiques de la nation française.