Une fois cette victoire acquise, notre pays devra assumer son rôle, au sein de l'Europe, pour oeuvrer à la fin de la guerre civile. Cet exercice imposera un dialogue franc avec toutes les puissances qui se retrouvent directement ou indirectement engagées dans le conflit syrien : la Russie, la Turquie, l'Iran et les États-Unis notamment. Nous devons toutefois être conscients qu'il n'y aura pas de solution durable si celle-ci menace à terme la sécurité des voisins de la Syrie : j'insiste tout particulièrement sur ce point.
Nous sommes également convaincus que la restauration de relations de confiance avec la Russie et la Turquie, qui ont un rôle clé dans le conflit, imposera à l'Europe de proposer à ces deux grandes nations, situées dans son environnement immédiat, une nouvelle forme de partenariat. En effet, s'il est compréhensible que la Russie souhaite maintenir les conditions de la sécurisation de ses voies commerciales en Méditerranée et que la Turquie souhaite éviter une déstabilisation de son unité nationale, il est de notre devoir, pour la stabilité même de l'Europe, d'empêcher ces deux grands États de s'enfermer dans une logique nationaliste et impérialiste.
De même qu'il n'y aura pas de paix durable en Syrie sans la Russie et sans la Turquie, il n'y aura pas de stabilité durable, pour l'Europe, sans la recherche d'une relation nouvelle avec nos voisins proches, sur la base d'un projet capable de transcender les peuples et de détourner les États des tensions qui nous divisent. À l'heure où nous avons plus que jamais besoin de construire la paix en Syrie et de la maintenir chez nous, il nous faudra retrouver le courage et l'esprit des pères fondateurs de l'Europe, ceux-là mêmes qui permirent à notre continent de vivre la période de paix la plus longue depuis deux millénaires. Il n'y a jamais de paix sans courage. Puisse leur exemple nous inspirer.