Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du lundi 16 avril 2018 à 17h00
Déclaration du gouvernement sur l'intervention des forcées armées françaises en syrie et débat sur cette déclaration.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Monsieur le Premier ministre, je veux saluer votre comportement à l'égard des parlementaires, en tout cas à l'égard de mon groupe : vous m'avez prévenu que vous organiseriez une réunion dimanche, et nous avons pu échanger avec le souci des responsabilités que nous exerçons, vous de manière très éminente, moi comme président de groupe. Je ne vous ai posé qu'une seule question, que je m'autorise à répéter devant l'Assemblée nationale : quels risques courions-nous, et quelles mesures avions-nous prises pour éviter l'escalade ? C'est la seule chose qui compte, quand vous frappez, de savoir jusqu'où vous devrez encore frapper. Là, j'ai dit qu'il s'agissait du pire nid de frelons.

Monsieur le Premier ministre, vous m'avez dit, comme chacun a pu le vérifier ensuite, que toutes les dispositions avaient été prises pour éviter cette escalade, c'est-à-dire que nous avons respecté les codes de déconfliction sur la zone. Qu'est-ce que la déconfliction ? Cela consiste à éviter les effets de surprise. La guerre étant faite de surprises, cela signifie que, pour l'essentiel, on dit ce que l'on va faire, et par où l'on va passer. Cela explique que les Russes aient regardé tout cela fort tranquillement, sans tirer une seule munition : ils savaient – et vous avez bien fait de les prévenir – qu'ils ne seraient visés à aucun moment.

Voilà beaucoup de choses qui laissent rêveur. Quels résultats ont bien pu être obtenus ? Pourquoi ne nous en dit-on rien ? Sommes-nous incapables de l'entendre ? Nous avons frappé, paraît-il, deux usines d'assemblage, sans que cela dégage une seule petite bouffée d'air impur dans la zone qui l'entoure – nous n'avons tué personne et je m'en réjouis, et je comprends qu'on ait essayé d'éviter de faire des victimes.

Mais après que la situation a atteint son paroxysme, après que nous avons entendu, le lendemain, le président de la République française dire qu'il avait convaincu M. Trump de rester sur place pour terminer le travail, et d'autres évoquer un plan d'armement chimique qui se serait développé, sans que l'on s'en rende compte, pendant de nombreuses semaines, moins de vingt-quatre heures après, le président des États-Unis a indiqué que les forces américaines allaient partir. Si bien que tout cela ressemble davantage à une salve d'adieu qu'à un tir militaire visant à rétablir une situation.

La vérité est derrière le rideau. C'est la raison pour laquelle je voudrais que vous nous précisiez le contenu des innovations conceptuelles de la soirée d'hier.

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