Une déclaration de guerre nous eût imposé un débat du Parlement. Et voici le premier coup que je vois à ce qui s'est produit : si le Président de la République française a dit, dès le mois de mai, qu'il y avait une ligne rouge à ne pas franchir, qu'est-ce qui, depuis le mois de mai, a empêché que l'on en discute ici, et que l'on établisse un protocole pour châtier ceux qui viendraient à utiliser les armes chimiques ? Rien ! Et pourtant, cela n'a pas été fait.
Que signifie, monsieur le Premier ministre, cette nouveauté que l'on appelle la « légitimité de la multilatéralité », qui a été évoquée hier ? Pour un Français, il n'y a qu'une seule légitimité ou, plus exactement, il y a deux manières d'agir. En ce qui concerne notre territoire national et nos populations, il n'y a aucune limite à notre décision que notre propre volonté. En ce qui concerne le concert des nations, nous croyons à un monde ordonné, non pas à un monde multipolaire, car c'est toujours la guerre pour savoir qui, parmi les multipolaires, est le premier. Un monde ordonné autour du droit, qui prime la force, voilà ce à quoi nous croyons, c'est-à-dire à l'ONU.