Permettez-moi donc de rappeler ici quelques faits. Premièrement, et contrairement aux idées reçues, il n'y a pas eu d'augmentation drastique des migrations mondiales au cours des dernières décennies. Elles ne représentent, en moyenne, qu'autour de 3 % de la population mondiale.
Deuxièmement, la majorité des migrations planétaires sont interrégionales. Les Africaines et les Africains par exemple – pour ne citer qu'elles et qu'eux, qui semblent tant vous obséder, d'une droite à l'autre – migrent avant tout en Afrique. Les 65,6 millions de personnes déracinées à travers le monde sont d'abord accueillies dans les pays limitrophes et dans ce qu'on appelle le « grand Sud » : en Éthiopie, en Ouganda, au Liban, au Pakistan, en Turquie. Seules 17 % d'entre elles trouvent refuge en Europe.
Enfin, la migration est un fait intrinsèquement humain. Ce sont les causes des migrations forcées – qu'elles soient politiques, économiques, climatiques – qui posent aujourd'hui problème, et non pas les personnes contraintes de quitter leur famille et leur pays, arrachées à toute leur vie.
Mais plutôt que de faire face intelligemment, de manière humaniste et raisonnée, à ces problèmes, votre projet de loi fait le choix de l'amalgame douteux et de la brutalité technocratique : l'amalgame, en décidant de mêler dans un même texte droit d'asile et politique migratoire, comme si le premier était une variable d'ajustement de la seconde ; la brutalité, en rabotant toutes les procédures qui sont garantes du respect des droits fondamentaux.
Il s'agit d'un projet de loi matraque…