Ce projet de loi s'inscrit dans cette vague-là, qui fait de la migration, et donc des migrants et des migrantes le problème.
Partout se banalise la maltraitance des personnes, qu'on voit se noyer sur nos écrans de télévision, d'ordinateur ou de téléphones portables, et dont les tentes sont lacérées, les corps roués de coups.
Ces politiques entraînent la mort de milliers de personnes. On estime leur nombre à 40 000 depuis les années 1990, mais en réalité on ne connaît pas exactement le nombre de corps qui jonchent les fonds de la Méditerranée ou qui sont enfouis sous les dunes des déserts du Sahel et du Sahara. On ne connaît pas le nombre de familles qui comprennent, sans nouvelles depuis trop longtemps, qu'elles ont perdu l'un ou l'une des leurs. On ne sait pas le coût humain exact de votre forteresse européenne, mais on sait que jamais les migrations n'ont été aussi meurtrières.
Cette hécatombe est la conséquence des politiques qui ont cours depuis des dizaines d'années : ces lois qui empêchent l'octroi des visas et obligent les personnes à emprunter des routes meurtrières ; ces politiques qui externalisent les frontières dans des territoires comme la Libye ou la Turquie. Elles en viennent même à réglementer tous les liens intimes. Dans votre projet de loi, les liens de paternité sont remis en cause.