Madame la présidente, monsieur le ministre d'État, ministre de l'intérieur, madame la présidente de la commission, madame la rapporteure, mesdames les rapporteures pour avis, chers collègues, aujourd'hui, peut-être plus que jamais, je me tiens devant vous pour faire entendre la voix de millions de Français, la voix de ceux que les élites politico-médiatiques ignorent ou méprisent ; de ceux qui, en raison d'un système électoral injuste, ne sont pas représentés dans cet hémicycle comme ils devraient l'être ; de ceux qu'un désespoir pudique ou la peur de l'opprobre rendaient muets, jusqu'à ce que leurs voix éclatent enfin au grand jour, au printemps dernier, lorsqu'ils portèrent Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle.
Je m'exprime aujourd'hui au nom de ce peuple français qui revendique le droit de rester lui-même ; de ce peuple qui a vu ses villes changer au cours de ces dernières décennies, au point de ne plus les reconnaître, parfois ; de ce peuple qui refuse le changement de civilisation forcé, imposé par une oligarchie nomade qui, en prétendant que nos racines sont mortes, hypothèque notre avenir à tous en le privant de sa sève.
Face au péril imminent, le plus grave, sans doute, que la France ait jamais eu à affronter, que propose donc le Gouvernement ? Que propose-t-il pour faire face à la submersion migratoire – puisque Gérard Collomb la définit désormais comme nous ? Du vent, du vide, une série de mesurettes sans vision d'ensemble, dont l'objet n'a pas d'autre ambition que de statuer sur la réglementation du temps passé en rétention administrative ou des visioconférences pour les jugements des déboutés. Plus inquiétant encore, certains députés de la majorité proposent d'aggraver la préférence étrangère, à en croire les conclusions du rapport d'Aurélien Taché, qui entend faciliter l'accès au travail pour les demandeurs d'asile – un rapport qui en dit long sur l'hypocrisie morale de La République en marche, qui appelle « humanisme » le droit d'exploiter en toute sérénité une main-d'oeuvre docile et peu coûteuse.
L'immigration de masse et le dévoiement actuel du droit d'asile n'ont rien d'humaniste ni de généreux. Ils n'enrichissent personne, si ce n'est les trafiquants d'êtres humains et les actionnaires des grandes entreprises taylorisées. La France doit accueillir sa part de misère, dites-vous ? Elle l'a déjà fait, et plus que de raison. C'est le pays d'Europe qui a accueilli le plus d'immigrés depuis la fin du siècle précédent, et ce n'est guère un hasard si, aujourd'hui, elle est la cible privilégiée des attaques terroristes.
Le fondamentalisme islamiste a poussé sur le terreau fertile du communautarisme, il s'est installé partout. C'est non plus le « vivre ensemble », mais le « vivre avec » qui s'impose. La France peut assimiler des individus. Toute sa longue et brillante histoire a prouvé qu'elle a su accueillir, comme ses propres fils, des orphelins venus des quatre coins du globe. Ernest Renan a écrit que ce qui constitue une nation, ce n'est pas « d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir ».
La France peut assimiler des individus, mais elle ne peut pas assimiler des peuples. Or ce sont bien des peuples entiers que la France a laissés entrer sur son territoire, tandis que Terra Nova, gavée de subventions publiques, chantait les louanges de la société multiculturelle et sans frontières. Ce sont les mêmes qui, aujourd'hui, demandent que l'on accueille les futurs réfugiés climatiques, qui représentent, potentiellement, 143 millions de personnes. Pour quels résultats ? Insécurité, terrorisme, tiers-mondisation du pays, recul des libertés de la femme, fracture de l'unité nationale… Ce que Jean Raspail nommait l'idéologie « Big Other », la nouvelle religion des temps modernes, la religion de l'autre, du lointain, de la différence, a conduit la France à un désarmement moral et physique complet.
Désarmement face au fardeau de l'immigration légale et désarmement face au fléau de l'immigration clandestine, puisque plus de 500 000 étrangers en situation irrégulière vivent actuellement sur notre territoire et que cette situation ne fait qu'empirer, du fait de la disparition de nos frontières nationales, dont a parlé notre collègue Mansour Kamardine, de la défaillance de celles de l'Europe et de nos choix diplomatiques insensés.
Vous voulez aider ces personnes ? Alors arrêtez de bombarder leurs pays. Sans enquête préalable, sans mandat de l'ONU, sans autorisation du Parlement et en suivant aveuglément les États-Unis, le Gouvernement a, avec l'attaque en Syrie, engagé la France dans une voie aux conséquences imprévisibles et potentiellement dramatiques. Daech peut d'ailleurs vous dire merci : comme partout au Moyen-Orient, là où les Occidentaux ont sciemment déstabilisé des gouvernements légaux et laïques, les islamistes prennent le relais et les populations, par centaines de milliers, sont jetées sur les routes.
Nos compatriotes ont soif de France. Ce projet de loi n'est pas à la hauteur de leurs attentes. Il ne propose pas de vision à long terme, mais uniquement une gestion des flux, toujours plus nombreux. Précurseur en la matière depuis des décennies, le Front national a déposé un contre-projet qu'il fera entendre dans le débat public, en attendant d'être lui-même aux responsabilités et de le mettre en oeuvre, contrairement à tous ceux qui en ont eu l'occasion dans le passé.
Vous dites que votre position est équilibrée. Nous affirmons avec Marine Le Pen que, comme Stephen Smith, qui a été cité par le Président de la République, vous savez l'Afrique en route vers le vieux continent. Vous le savez, et vous refusez de prendre les mesures adéquates pour protéger les Français.
Notre objectif, et nous l'assumons, est bien évidemment de stopper la submersion migratoire, d'agir et non de faire semblant. Nous présenterons donc notre contre-projet aux Français, pour leur démontrer qu'une autre politique est effectivement possible en la matière. Ce soir, nous ne chercherons pas à vous convaincre, mais nous profitons de ce débat pour en jeter les premiers jalons.