Monsieur le président, messieurs les ministres, monsieur le rapporteur général, mes chers collègues, il est fondamental d'aborder dans l'hémicycle le programme de stabilité. L'exercice qui nous réunit aujourd'hui, et qui consiste à estimer l'évolution de la situation économique et budgétaire de notre pays, a incontestablement son utilité. Car cet exercice de prévision est tout à fait nécessaire au bon pilotage de l'économie et à l'anticipation des effets potentiels, à court, à moyen et à long terme, des grands choix budgétaires qui peuvent être opérés.
Néanmoins, il semble se transformer peu à peu en exercice d'autosatisfaction ou en service après-vente des mesures fiscales adoptées dans le dernier budget. C'est l'impression qui ressort des suites de la présentation du programme de stabilité en fin de semaine dernière. Ainsi pouvait-on lire à la une de la presse au début de cette semaine que les mesures fiscales devraient créer 260 000 emplois à l'horizon 2025 et 1,6 point de PIB d'activité supplémentaire. Voilà le coeur de la communication autour de ce document budgétaire.
Mes chers collègues, loin de moi l'idée de jouer les rabat-joie ; mais gardez les pieds sur terre. Se gargariser de prévisions économiques pour 2025, c'est se gargariser de faire tourner à plein régime la boule de cristal ; c'est faire trois baignoires de mousse avec trois grammes de savon ; c'est, pour reprendre une expression qu'utilisait volontiers ma grand-mère paysanne, « aller chercher les oeufs dans le cul des poules »