Intervention de Perrine Goulet

Séance en hémicycle du mercredi 18 avril 2018 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le projet de programme de stabilité pour les années 2018-2022 suivie d'un débat et d'un vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPerrine Goulet :

L'épais document budgétaire sera transmis, comme chaque année au mois d'avril, par tous les États membres de l'Union à la Commission européenne, afin de présenter leur stratégie et la trajectoire à moyen terme des finances publiques.

Lors de la discussion sur le projet de loi de programmation des finances publiques pour 2018-2022, examiné en même temps que le projet de loi de finances pour 2018, nous nous étions engagés à remettre la France dans le droit chemin pour que notre économie crée de l'emploi, pour encourager l'investissement, pour donner du pouvoir d'achat aux Français, dans un esprit de solidarité. Nous nous étions engagés à revenir à une gestion saine de nos finances publiques.

Lors des débats, nous avons entendu des commentaires de tous bords : projet « insincère », « manquant de bon sens », « irresponsable », « non conforme aux engagements pris devant l'Union européenne », « manquant de courage »… Force est de constater qu'ils étaient tous erronés, puisque les résultats sont là : une relance de la croissance incontestable et une stabilisation du taux de chômage, à 8,9 % de la population active, après qu'il eut connu une forte baisse au dernier trimestre 2017. Le moral des chefs d'entreprise est en hausse, selon le sondage réalisé en février dernier par OpinionWay pour CCI France, atteignant presque son plus haut niveau. Les créations d'entreprises ont progressé de 0,5 % en mars et de presque 10 % au cours des douze derniers mois.

Contrairement à nos détracteurs, nous respecterons les engagements que nous avons pris envers l'Union européenne. Il nous faut mettre fin à la procédure de déficit excessif engagée depuis 2009, qui ne nous honore pas et décrédibilise la parole de la France. Le retour du déficit public sous la barre des 3 % nous permettra d'en sortir – la France étant, avec l'Espagne, le dernier pays à être encore sous le coup d'une telle procédure. Cela nous permettra de reprendre notre place dans l'Europe et d'avancer sur des chantiers majeurs, comme la taxation des GAFA – Google, Apple, Facebook et Amazon – ou la réforme de la zone euro.

Le scénario macroéconomique a été revu à la hausse depuis la dernière loi de programmation des finances publiques, que nous avons votée à la fin de l'année dernière. Le Haut conseil des finances publiques a jugé ce scénario réaliste et les enchaînements qu'il décrit plausibles. Par rapport au précédent programme de stabilité et à la loi de programmation de cet automne, le taux de croissance a été revu à la hausse : il sera de 2 % du PIB en 2018 et de 1,9 % en 2019 ; il stagnera ensuite à 1,7 % jusqu'en 2022. Ce scénario de croissance devrait permettre aux comptes cumulés de l'État, de la sécurité sociale et des collectivités territoriales de redevenir excédentaires, à hauteur de 0,3 % du PIB, et de réduire ainsi la dette, qui passera de 96,4 % du PIB en 2018 à 89,2 % en 2022, soit presque 8 points de moins sur le quinquennat.

N'oublions pas que la dette fragilise notre économie, notre croissance. Réduire la dette, c'est libérer de la croissance et protéger les générations futures. N'oublions pas qu'un point de taux d'intérêt en plus, c'est plus de 2 milliards de dépenses supplémentaires. C'est pourquoi cela ne peut plus durer. Le dernier budget voté à l'équilibre remonte à 1974 : cela fait quarante-quatre ans que nous vivons au-dessus de nos moyens ! Nous frôlons le redressement judiciaire et il ne faudrait rien faire ? Pire, il faudrait continuer ? Cela n'est plus possible ! La stratégie que nous défendons permettra d'inscrire la dette dans une trajectoire décroissante, tout comme l'ont fait les autres pays européens.

Dans le présent programme de stabilité, les chiffres ont été revus à la baisse pour 2018, mais à la hausse pour 2019, année où le CICE sera transformé en baisse de charges, ce qui provoquera un pic temporaire de déficit de 1 %, mais permettra, par le soutien à l'économie, de maintenir un taux de croissance intéressant.

La maîtrise du déficit public va de pair avec la maîtrise des dépenses publiques. La France doit sortir de son addiction. Toutes les oppositions critiquent notre volonté de maîtriser la dette et le déficit public, mais qu'ont-elles fait pour enrayer le déficit chronique ? Je rappelle à nos prédécesseurs qu'ils avaient pris l'engagement de diminuer de 50 milliards d'euros les dépenses publiques, engagement qui devait accompagner le pacte de responsabilité promis par le précédent président de la République. Malheureusement, selon la dernière étude de François Ecalle, les économies réalisées par le précédent gouvernement ne représentent que 23 milliards d'euros.

Nous prenons nos responsabilités. Le ralentissement de la dépense publique représentera un effort important. La reprise est là. Nous devons profiter de ce temps favorable pour réformer, ce qui nous permettra de supporter les prochaines crises. Telle est notre feuille de route pour les prochaines années.

Ce programme de stabilité est audacieux, ambitieux, fondé sur des prévisions réalistes, proches de celles des principaux organismes nationaux et internationaux, dont – dernier en date – le FMI.

Pour conclure, je citerai Georges Clemenceau : « Il faut d'abord savoir ce que l'on veut, il faut ensuite avoir le courage de le dire, il faut ensuite l'énergie de le faire ». Comme vous le savez, de l'énergie, nous en avons !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.