Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du mercredi 18 avril 2018 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le projet de programme de stabilité pour les années 2018-2022 suivie d'un débat et d'un vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Madame la présidente, messieurs les ministres, madame la présidente de la commission des affaires européennes, monsieur le rapporteur général, mes chers collègues, l'économie va mieux, donc les finances publiques vont mieux. Cependant, les améliorations du programme de stabilité n'ont pas vraiment grand-chose à voir avec l'action du Gouvernement, lequel surfe sur la vague exceptionnelle de la croissance.

Si on se compare, on se désole un peu. On peut pousser un grand cocorico mais les coqs voisins crient plus fort que nous. En zone euro, la croissance est supérieure, les prélèvements obligatoires sont inférieurs, les dépenses publiques inférieures et la dette bien plus faible. Avec cette trajectoire, nous sommes seulement moins mauvais élève qu'auparavant.

Le déficit public se réduit pour atteindre 2,3 % du PIB en 2018, et il y aurait même un excédent en 2022. La réalité est que l'amélioration par rapport aux prévisions précédentes s'explique exclusivement par la croissance et la conjoncture. Ce n'est pas une histoire d'efforts mais de croissance !

En effet, avec une croissance à 2 %, votre Gouvernement – et la France aussi, tant mieux – bénéficie d'une situation économique exceptionnelle qui dope les recettes, ce qui permet mécaniquement de réduire le déficit public et la dette.

Un exemple très concret : la comparaison des quinquennats de Nicolas Sarkozy et d'Emmanuel Macron. D'un côté, Nicolas Sarkozy n'a pas déclenché la crise économique qui a frappé le monde : il a subi, la France a subi de plein fouet une récession de près de 3 % du PIB en 2009. Résultat : un effondrement des recettes publiques de 42 milliards entre 2008 et 2009.

De l'autre côté, Emmanuel Macron n'a pas provoqué la croissance mondiale mais grâce à une croissance de 2 %, il bénéficie d'environ 40 milliards de recettes supplémentaires entre 2016 et 2017. C'est plus de 80 milliards de différence de recettes entre les deux époques budgétaires ! Cette différence colossale de conjoncture donne toutes les cartes au Gouvernement pour s'attaquer aux réformes structurelles nécessaires : il est bien plus facile de réformer par beau temps que pendant la tempête.

Il y a d'ailleurs un moyen très simple de mesurer l'effet de l'action du Gouvernement sur la réduction du déficit public : observer l'effort structurel. L'essentiel de l'amélioration est en effet conjoncturel. L'effort structurel, quant à lui, a été quasiment nul en 2017, il le restera en 2018, il sera faible en 2019 et, comme d'habitude, il s'améliorera en fin de parcours.

Un mot sur la dépense publique. Les dépenses continuent d'augmenter en volume et en valeur. Or notre pays ne peut se réformer en profondeur s'il n'y a pas de réforme de la dépense publique.

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