Intervention de Roland Desbordes

Réunion du jeudi 5 avril 2018 à 10h30
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Roland Desbordes, président de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) :

Tout d'abord, je ne dis pas qu'il faut les laisser en surface, à l'abandon. Les mettre en sécurité est, selon moi, la priorité. Or, j'estime qu'ils ne le sont pas. De nombreuses personnes se sont penchées sur la question, et EDF elle-même reconnaît que les piscines sont pleines. Ensuite, la loi Bataille prévoyait uniquement une phase de recherche sur l'entreposage de longue durée, la transmutation et l'enfouissement. S'agissant de l'enfouissement, cette recherche devait porter sur trois matrices possibles et, pour chacune d'elles, à deux endroits différents, soit deux labos dans l'argile, deux labos dans le granit et deux labos dans le sel. Par conséquent, en 2006, nous étions censés avoir six laboratoires ayant travaillé pendant quinze ans sur trois matrices différentes, de manière à pouvoir comparer objectivement les résultats.

Force est de reconnaître qu'au bout de quinze ans, beaucoup d'argent a été investi dans l'enfouissement et dans un seul labo au lieu de six. Dans les années 1990, lorsqu'on a commencé à parler de Bure, j'ai rencontré, à leur demande, les élus de la Haute-Marne. Puisqu'on ne voyait pas se profiler d'études sur le sel et le granit, je leur avais dit que, puisqu'ils avaient accepté d'accueillir le labo, ils auraient les déchets. Mais ce n'est qu'un laboratoire, m'ont-ils répondu ! À quoi j'ai répliqué qu'ils étaient fort naïfs : puisqu'un seul labo avait été installé, c'est là que seraient enfouis les déchets. Hélas, j'avais raison. Les dés étaient pipés. Toujours est-il que beaucoup d'argent a été investi dans l'enfouissement, et d'une manière pas du tout équitable, contrairement à ce qu'avait souhaité M. Bataille.

Sont ensuite apparues les notions de « réversibilité », dans la loi de 2006, puis de « récupérabilité », dans celle de 2016, qui sont, selon moi, un non-sens scientifique. La conception même du stockage géologique implique l'irréversibilité ; il ne peut pas en être autrement. Quant à la phase intermédiaire, je n'y crois pas : on ne reviendra pas en arrière. On m'a raconté tellement de bêtises que je ne fais plus confiance. J'ai cru à la loi Bataille de 1991 et on s'est moqué de moi.

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