Monsieur le ministre, il n'y a pas de débat sur la finalité et sur la nécessité de construire des géants européens et des alliances. La question est celle de la crédibilité de la parole politique.
Quand on entend un ministre de l'économie dire : « Avec Technip, on va faire des Airbus franco-américains ! », on a le sentiment qu'on se moque des Français et que des engagements sont pris seulement pour justifier un deal – car il y a toujours des gens qui sont intéressés à en conclure un.
J'observe que vous vantez la capacité des Chinois à se concentrer, mais, en France, on fait exactement l'inverse : on laisse en effet les banques d'affaires proposer des deals qui divisent nos entreprises et les affaiblissent. Donc, effectivement, on ne prend pas exactement les mêmes chemins.
Dans toutes les opérations que vous citez, la France s'allie, certes, mais en étant minoritaire et sans avoir de garantie sur ce qui se passera au-delà d'un délai de court terme. On comprend que cela fait les affaires du politique, mais au-delà trois ou quatre ans, nous n'avons plus beaucoup de garanties…
Quant à la question du maintien des technologies, monsieur le ministre, et de savoir si, demain, la France aura la capacité de reconstruire toute seule des turbines Arabelle, la réponse est à l'évidence non. Ce qui est écrit dans la lettre d'engagement est donc un élément de décor : ça fait bien, mais ce n'est pas très sérieux.