En effet. L'analyse des interactions et leur modélisation nous oblige à travailler sur nous-mêmes. Dans l'interconnexion des grandes bases de données, le plus difficile n'est pas de mettre au point la solution technique, mais de se mettre d'accord sur qui la pilote, avec quels droits accordés à quels organismes, quel organisme fait confiance à quel autre, etc. C'est un problème humain.
Les deux sujets sont liés. L'évolution du travail et la mobilité aussi. Dans son rapport rendu récemment public sur un sujet connexe, France stratégie a développé l'exemple de la livraison. On peut imaginer, un jour, des livraisons par drones, par voitures autonomes, de façon routinière. Le métier de livreur en sera bouleversé. Mais il ne faut pas en déduire trop hâtivement que les livreurs vont disparaître. La fonction d'un livreur ne se limite pas à conduire la marchandise d'un point A à un point B, il doit également s'assurer que la marchandise est bien reçue et est conforme aux prescriptions, interagir avec le client pour vérifier que la qualité de service attendue est bien là. Une redistribution des tâches et du service est possible. La compétence en conduite peut devenir moins importante au fur et à mesure que la compétence relationnelle avec le client sera plus critique. En somme, c'est un rééquilibrage, dans lequel l'humain récupère plus de tâches humaines, plus de tâches empathiques et relationnelles.