Intervention de Gérard Longuet

Réunion du jeudi 5 avril 2018 à 9h40
Commission des affaires économiques

Gérard Longuet, sénateur, président de l'Office :

Je remercie l'élu de l'Essonne pour l'image qu'il donne du Parlement. Je remercie également Roland Lescure d'avoir organisé cette audition conjointe de l'Office avec la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Cela démontre que la valeur ajoutée parlementaire existe dans un domaine éminemment politique.

L'intelligence artificielle est un sujet éminemment scientifique, mais ses conclusions et les perspectives de ce projet sont très politiques. D'une part, la société est partagée entre l'espérance et la crainte. L'ancien ministre de la défense dira que la peur n'évite pas le danger. Bien que je sois d'un naturel plutôt optimiste, la confiance n'exclut pas le contrôle, et, donc, justifie la loi. Au-delà de cette préoccupation quasi philosophique, c'est ce deuxième thème politique qui intéresse le parlementaire. Quel rôle la loi peut-elle jouer lorsqu'un système est animé par les géants économiques que sont les grandes entreprises et leurs clients ? Les citoyens pouvant d'ailleurs avoir une expression politique opposée à leur comportement de clients, la loi doit trouver le chemin critique entre les attentes des clients, qui sont soutenues par le fait même qu'ils sont clients, et les espérances des citoyens qui, en revanche, peuvent être contrebattues.

M. Villani a évoqué des focus qui sont également de nature profondément politique : l'éducation, la santé, l'agriculture augmentée, les transports, la défense et la sécurité. Je pense que nous aurions intérêt, pour faire suite à l'intervention d'Huguette Tiegna, à y intégrer l'énergie. Je partage assez spontanément l'idée qu'un système totalement centralisé n'est pas forcément le plus pertinent, surtout dans des régions comme les nôtres où la densité de la population est relativement forte par rapport à d'autres parties du monde.

Pour répondre à Claude de Ganay, nous avons intérêt à nous concentrer sur ces focus politiques. On peut imaginer que l'Office se fixe des rendez-vous portant sur la déclinaison du rapport dans ces différents domaines, qui concernent le plus grand nombre et pour lesquels les États seront en concurrence, voire en conflit, avec des offres de service qui seront, elles, internationales et totalement privées.

C'est particulièrement vrai en matière de santé. Un pays qui ne s'organiserait pas pour utiliser des bases de données en la matière risquerait d'être évincé par des prestataires de santé revendiquant une maîtrise totale de la gestion de leurs données.

Comme l'a rappelé pertinemment Cédric Villani, l'élément fort de l'IA, c'est sa capacité à traiter des données en nombre. L'intelligence artificielle nous évite l'échantillon statistique et permet, à partir d'une analyse exhaustive de la réalité, de penser la restituer totalement et, par conséquent, commander des comportements et des solutions.

Nous avons la certitude, aujourd'hui, d'avoir devant nous à faire un travail de moyen et de long terme, qui nous conduira à nous retrouver. C'est une perspective que j'accepte avec joie et sérénité.

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