En effet, monsieur le député, puisque la directive « concessions » aura bientôt vingt ans…
Toujours est-il que, dans cette démarche, il est absolument indispensable, premièrement, qu'EDF puisse répondre à tous les appels d'offres, deuxièmement, que, dans ces appels d'offres, soit bien mise en exergue la valeur de l'eau – au regard non seulement de la production de l'électricité, mais aussi du rôle majeur qu'elle joue dans les vallées en matière d'irrigation, de tourisme et de respect de la biodiversité –, troisièmement, qu'à l'occasion de cette mise en concurrence, le point soit fait sur les capacités hydroélectriques de notre pays. Je rappelle que, dans son plan de stockage, EDF a prévu la construction de nouvelles stations de pompage – je pense au projet concernant la rivière Truyère – de façon à améliorer encore la production d'électricité à partir de l'eau, en France. En effet, si nous ne sommes pas très loin de la saturation en ce domaine, des projets, notamment celui que je viens de mentionner, nous permettraient de mieux utiliser l'eau qui tombe du ciel et se déverse dans les barrages, et de mieux compléter l'intermittence des énergies renouvelables par de l'hydroélectricité pilotée.
S'agissant de Linky, je veux d'abord rappeler qu'il est déployé par notre filiale Enedis – et non directement par EDF –, qui a été chargée par la loi de développer un compteur et de le mettre en service chez tous les ménages français – c'est le cas dans bien d'autres pays, en vertu, là aussi, d'une directive européenne. Les tribunaux ont, du reste, confirmé que la loi prévoyait le remplacement des vieux compteurs analogiques de diverses générations par un compteur numérique, lequel offrira des services indiscutables puisqu'il améliorera notamment la fiabilité de la collecte : il ne sera plus besoin de recopier manuellement des chiffres vus par un oeil humain. Il favorisera également les économies d'énergie car, grâce à différents moyens numériques, les Français qui le souhaiteront pourront connaître leur consommation sans attendre de recevoir leur facture. Il offrira, en outre, la possibilité d'innover en créant des services à l'intérieur de la maison grâce aux informations fournies par Linky.
Pas une agence sérieuse, française ou internationale – je parle des agences gouvernementales, et non de ceux qui s'auto-désignent experts –, n'a mis en cause la sûreté de Linky au regard des ondes émises. Sur ce point, je vous rappellerais bien volontiers, mais je m'abstiendrai car ce serait trop long, les comparaisons qui ont été faites entre le niveau d'émission d'un compteur Linky, aux rares moments où il émet des informations, et celui d'un four à micro-ondes, d'un sèche-cheveux, d'un grille-pain ou d'un téléphone portable. En tout cas, je peux rassurer la représentation nationale et les Français à ce sujet.
J'ajoute que la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a donné son accord au déploiement de ce compteur, en précisant les précautions qui doivent être prises. Ainsi, les informations autres que celles qui sont nécessaires à la relève périodique du niveau de consommation ne seront accessibles aux prestataires désignés par les ménages que si ces derniers en ont fait le choix – c'est ce que l'on appelle l'« opt-in ». Il n'y a donc aucune obligation, pour les Français qui ont des compteurs Linky chez eux – et ils sont déjà 10 millions –, d'accepter la moindre intrusion des opérateurs ou des prestataires en dehors de la relève périodique, qui est contrôlée par la CNIL.
Puisque nous évoquons une médiatisation reposant sur des bases totalement fausses, j'en profite pour vous indiquer que le document produit par UFC-Que Choisir il y a quelques jours avait, me semble-t-il, pour principale vocation de ternir l'image d'EDF, puisqu'il s'appuie sur des analyses manifestement erronées. Dans notre pays, on peut toujours, hélas ! s'intituler expert – ce doit être le cas, en l'espèce. J'ajoute qu'EDF a fait savoir qu'elle se réservait le droit de donner une suite judiciaire à ces affirmations inexactes et probablement malveillantes.
Par ailleurs, la capacité d'EDF à financer l'ensemble des investissements fait partie de mes préoccupations primordiales. M. Girre, le directeur financier, qui est à mes côtés, et moi, nous nous devons de faire en sorte qu'EDF réalise l'ensemble des nombreux investissements nécessaires pour assurer la transition énergétique, développer le système électrique et maintenir la compétitivité des tarifs de l'électricité pour les Français. L'équation est difficile à résoudre. En 2016, lorsque nous avons jugé qu'elle devenait impossible, nous avons lancé l'alerte et j'ai ainsi annoncé, en avril 2016, avec un soutien très fort du Gouvernement, une nouvelle trajectoire financière que nous exécutons parfaitement – nous sommes même légèrement en avance. EDF, qui est une entreprise déjà très endettée et dont la notation a été menacée de nouvelles dégradations par les agences, a devant elle un programme d'investissements important dans les énergies renouvelables, dans le développement de réseaux de chaleur – nous en avons peu parlé mais, dans les territoires, notre filiale Dalkia développe ces réseaux de façon importante – et, bien entendu, dans la maintenance du parc nucléaire, avec la construction de Flamanville, qui s'achève, et celle de Hinkley Point, qui a commencé il y a deux ans et qui se déroule bien. Nous devons donc veiller en permanence – et nous le faisons, bien sûr, en très étroite collaboration avec le conseil d'administration et plus encore avec l'actionnaire majoritaire, en particulier l'Agence des participations de l'État –, nous devons veiller, disais-je, à notre capacité de répondre à l'ensemble des besoins que nous avons recensés.
Enfin, nombre de questions, peut-être inspirées par ce que vit aujourd'hui notre entreprise ferroviaire nationale, ont porté sur des perspectives de changement radical au sein d'EDF. Le Gouvernement qui, en tant qu'actionnaire et régulateur, est le maître du jeu dans ces domaines de très grande ampleur – qu'il s'agisse de l'organisation d'EDF ou de celle du système électrique, auquel EDF contribue très largement –, a évidemment toute latitude pour engager une réflexion sur le point de savoir si d'autres mécanismes que ceux qui président actuellement à la vie d'EDF seraient plus efficaces. À cet égard, je veux dire, comme je l'ai d'ailleurs déjà indiqué, que je n'ai pas été saisi par le Gouvernement de telles réflexions. Il n'y en a pas spontanément, et c'est bien normal, au sein d'EDF. Si, un jour, une réflexion sur des changements importants de cette nature devait être engagée, il serait de mon devoir d'en parler aux salariés, notamment d'EDF. Un tel dossier, s'il devait être un jour d'actualité, ne pourrait pas être traité autrement que dans la transparence.