Je suis heureux, Monsieur le ministre, chers collègues, de vous retrouver pour parler, au nom du groupe UDI, Agir et Indépendants, d'agriculture.
Rappelons en préambule quelle préoccupation doit être notre ligne directrice : le revenu agricole, le revenu des agriculteurs. C'est ce souci qui a présidé à l'organisation de ces États généraux de l'alimentation. Je veux aussi rappeler que nous avons les meilleurs agriculteurs du monde. Ce sont de grands professionnels, des gens honnêtes qui, depuis cinquante ans, ont répondu à toutes les attentes de la France et de l'Union européenne. Ils ont produit de la quantité, ils ont produit de la qualité, ils ont répondu aux attentes de sécurité sanitaire, aux attentes de sécurité alimentaire, aux attentes environnementales. Ils ont tout fait.
Et, aujourd'hui, nous examinons ce texte, dont le titre Ier est consacré aux relations commerciales. Mon groupe pense qu'il faudrait plutôt parler de « moralisation » que d'amélioration des relations commerciales. Depuis cinquante ans, notre pays, sous quelque gouvernement que ce soit, laisse la part belle à la grande distribution, qui s'est même structurée en centrales d'achat. À quatre, elles se partagent l'essentiel du marché ! C'est pourquoi, en 2016, avec MM. Charles de Courson et Philippe Vigier, nous avions déposé un amendement que nous remettons sur la table et dont nous voulons débattre de nouveau, visant à dissoudre l'oligopole représenté par les quatre grandes centrales d'achat – à « dynamiter », pour le dire trivialement, ce cartel qui fait du mal aux agriculteurs français. Il faut le dire, en commission et dans l'hémicycle. Il faut rouvrir ce débat et parvenir à des résultats concrets.
Nous souhaitons aussi, consécutivement à la volonté de contractualisation, réaffirmer le rôle des organisations de producteurs et des associations d'organisations de producteurs, notamment dans le cadre des négociations, des discussions. Nous voulons qu'elles aient un rôle élargi, avec une dimension commerciale puisqu'on parle de prix et de partage de richesse et de valeur ajoutée. Naturellement, il faut renforcer le rôle de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, et il faut que son président, M. Philippe Chalmin, arrête de nous répéter que nos agriculteurs doivent être plus compétitifs. Ils travaillent dix, douze, quinze heures par jour ! Faut-il donc qu'ils travaillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? Et, naturellement, nos débats doivent avoir une dimension européenne.
En ce qui concerne le titre II, l'alimentation et la qualité de l'alimentation, je veux le dire tout de go : si l'ensemble des Européens et si l'humanité disposaient de produits agricoles et de denrées alimentaires de la qualité des productions de nos agriculteurs, ce serait extraordinaire ! Des pistes d'amélioration sont certainement possibles, mais, ayant très attentivement suivi les débats de la commission du développement durable, je mets en garde quant aux charges que l'on peut faire peser sur l'agriculture, sur les agriculteurs ; attention à la compétitivité, à la concurrence, notamment avec nos amis européens, et donc au revenu agricole. On peut se faire plaisir, avec des déclarations d'intention, mais il faudra, au cours du débat, nous préciser ce qui relève d'orientations, ce qui est normatif et ce qui relèvera du pouvoir réglementaire. Quand on parle de 15 % de surface agricole utile consacrée au bio, est-ce une déclaration d'intention, une disposition normative ou du réglementaire ? Autre exemple, si l'on sépare vraiment vente de produits phytopharmaceutiques et conseil, cela ira à l'encontre des distributeurs de proximité, qui n'auront pas les moyens d'avoir des services techniques, des services de conseil et des services commerciaux.
Dernier sujet, le groupe UDI, Agir et Indépendants proposera un titre III, « Mesures de simplification ». Soyons des acteurs de la simplification !