Rappelons que nous en sommes encore aux balbutiements de la budgétisation participative qui, pour l'instant, connaît surtout ses premiers succès au plan local. Au niveau national, il est plus difficile d'impliquer les citoyens dans la conception du budget de l'État, non seulement parce que les sommes en jeu sont sans commune mesure mais également parce qu'il est plus compliqué de se prononcer sur tel ou tel sujet spécifique, comme c'est par exemple le cas avec le budget participatif de la ville de Paris.
Le cas du Portugal est intéressant, il a en fait suivi le modèle de Paris, mais en moins riche, si je puis dire, précisément parce que nous sommes au niveau national. Quant à l'exemple israélien, il s'agit d'un projet porté par le Gouvernement et le Parlement et mis en oeuvre par une ONG, qui a conçu pour les citoyens des visualisations ludiques à base de cercles représentant les grandes masses budgétaires, que les internautes pouvaient modifier. Je pense également à un exemple américain que j'aime tout particulièrement : il s'agit d'une visualisation intitulée « Death and Taxes » – pour rappeler qu'il y a seulement deux choses dont on soit sûr dans la vie : payer des impôts ou mourir – qui illustre en tout cas de façon assez frappante et élégante la manière dont sont dépensés les impôts fédéraux. On voit notamment la part énorme du budget de la défense aux Etats-Unis. Ces procédés sont très utiles pour permettre aux citoyens de comprendre comment est utilisé l'argent public et selon quelles priorités.
En matière de transparence, de plus en plus d'initiatives se mettent en place. Nous avons, pour notre part, à l'OCDE, une commission chargée de la transparence et de l'intégrité, animée par un député israélien, dans laquelle nous abordons les questions de transparence des institutions parlementaires.
Vous pourriez aussi regarder ce que fait Open Parliament. Ce mouvement travaille avec des ONG qui assurent un monitoring des parlements sur plusieurs sujets, dont le budget.
Ce qui était intéressant au Canada, c'est que les autorités ont fait des sondages à questions fermées et en ont tiré des rapports. Elles ont aussi fait du crowdsourcing (production participative).
Enfin, le parlement du Pays de Galles, infranational, a beaucoup investi dans les questions de participation. Dans le domaine de la politique de santé, il a ainsi utilisé des plateformes digitales pour recueillir des informations auprès d'employés d'hôpitaux qui n'auraient pas eu sinon l'occasion d'être entendus en commission. Nous pourrons vous donner les contacts utiles.