Nous sommes tous sensibles à l'enjeu de la fracture numérique. Il est clair qu'une communication financière publique adossée au numérique doit aussi prendre en compte cet enjeu. Il faut espérer que le plan « France très haut débit » aille jusqu'au bout et que l'on en finisse avec cette fracture numérique. Je suis totalement d'accord avec vous là-dessus.
Y a-t-il une opacité voulue ? L'opacité crée du pouvoir. Toute l'histoire financière des États, surtout dans les régimes autoritaires, montre que cette tendance à vouloir être le seul détenteur d'une information – ou du moins, à la maîtriser, techniquement – a toujours existé. J'ai d'ailleurs consacré de nombreuses pages de ma thèse à cette volonté de capter l'information et d'être le seul à la comprendre. Cela étant, on ne peut pas dire que la direction du budget s'emploie à créer de l'opacité : elle fait tout de même de la communication. Toute la question est de savoir où mettre le curseur de la technicité : simplifier au point que l'information ne veuille plus rien dire pose aussi problème. Si l'on parvenait à intégrer les destinataires – les citoyens comme les parlementaires – dans la conception de cette information, on gagnerait à comprendre ce qu'on veut vraiment produire. La direction du budget communique plus de 15 000 pages sur le seul projet de loi de finances : peut-être y a-t-il moyen de voir avec elle comment recentrer cette information et la travailler. Cela étant, ce ne sera pas simple : faire court prend du temps.