La moyenne de jours passés en rétention était en 2016 de 12,7, c'est-à-dire bien loin des quarante-cinq, quatre-vingt-dix ou cent trente-cinq jours proposés par le projet de loi. Ce n'est pas pour rien que la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté a proposé au mois de février non pas d'augmenter mais de diminuer cette durée d'enfermement.
Pour ma part, je n'ai passé que six heures dans un centre de rétention, celui de Cornebarrieu. Le personnel m'a dit qu'il ne fallait pas se projeter. Mais que faire d'autre ? On est enfermé, sous des grillages ! Les avions passent au-dessus de votre tête, vous rappelant sans cesse le risque d'être renvoyé chez vous malgré toutes les violences que vous avez pu y subir.
La seule distraction disponible pour les enfants, c'était un pauvre toboggan dans une cour grillagée. Les femmes n'avaient rien d'autre à faire que de discuter entre elles. Une pauvre table de ping-pong sans raquettes, ce n'est pas cela qui permet aux gens de rester sereins ! Rien, personne n'accompagne ces personnes : aucun psychologue, et le médecin est absent. Les policiers m'ont dit qu'il était déjà compliqué pour eux, avec les délais actuels, de faire en sorte que tout se passe à peu près bien, et qu'il était impossible d'envisager de doubler la durée de rétention !
Monsieur le ministre d'État, comment pouvez-vous persévérer dans la voie que vous avez empruntée, alors que tout le monde vous dit qu'il est inacceptable de placer des gens qui n'ont rien fait de mal en rétention pendant une période aussi longue ?