Intervention de Delphine Ernotte-Cunci

Réunion du mercredi 19 juillet 2017 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Delphine Ernotte-Cunci, présidente-directrice générale de France Télévisions :

Les langues régionales, c'est un sujet que nous développons, en particulier dans les discussions sur les COM avec les différentes régions, en Bretagne, en Alsace, au Pays basque, en Occitanie… Cela figure dans notre cahier des charges.

En ce qui concerne la version originale, vous avez raison, madame Dubois, nous sommes un peu en retard à France 3. Nous avons déjà la VO pour le cinéma étranger sur France 2 et sur France 4, et nous allons corriger le retard sur France 3, lié à des problèmes d'architecture technique.

Mme Kuster m'a demandé si je craignais une diminution budgétaire. Depuis des années, l'audiovisuel public est financé principalement par la redevance, donc sur une taxe affectée qui ne dépend pas du budget de l'État. C'est un acquis considérable, et le fondement de l'indépendance politique de l'audiovisuel public, partout en Europe. Il se trouve qu'aujourd'hui, depuis l'arrêt de la publicité après vingt heures en 2009, la manne publique provient aussi d'une affectation de la taxe sur les opérateurs de communications électroniques (TOCE), dite taxe Copé, créée à l'origine pour compenser complètement l'arrêt de la publicité après vingt heures, mais qui entre aujourd'hui partiellement dans le budget de l'État et contribue à hauteur de 160 millions d'euros au financement de l'audiovisuel public. Nous ne dépendons donc pas du budget de la culture. On ne nous demande pas notre avis sur les coupes budgétaires, c'est-à-dire sur le court terme, mais nous entrons bien sûr dans les questionnements des évolutions à moyen terme, par exemple avec la suppression de la taxe d'habitation, puisque la redevance est perçue en même temps.

Je ne sais pas ce que le Gouvernement et le Parlement entendent proposer comme évolution ; en réalité, c'est sur vous que je compte… Ce n'est pas à moi de décider comment financer l'audiovisuel public ; je peux juste vous alerter sur le fait que la situation n'est pas stable, avec une redevance telle qu'elle est aujourd'hui, et un jour ou l'autre se posera la question de cette réforme. Tous les pays d'Europe ou presque ont réformé leur redevance et il serait étonnant que la France soit la dernière à le faire. Je ne peux que pousser à la réforme, mais je n'ai pas les moyens de faire plus.

Rappelons que la redevance est indexée sur l'inflation ; c'est cela aussi qui finance une partie du COM. Des discussions préliminaires que nous avons eues avec l'exécutif, nous avons compris qu'ils attendaient une forme de réciprocité. On a signé un COM l'an dernier ; nous aimerions que l'État respecte ce qu'il a signé et nous nous engageons à respecter ce que nous avons nous-mêmes signé, même si ce n'est pas facile : le non-remplacement d'un départ en retraite sur deux exige un gros effort de productivité pour l'entreprise et l'ensemble de ses salariés.

Vous vous inquiétez à raison du caractère anxiogène des programmes. Je vous signale que, dans la grille de France 3 nous aurons tous les jours, à partir de septembre, un journal des initiatives de sept minutes, justement pour montrer que les territoires ne se résument pas à des voitures qui brûlent ; ce sont aussi des collectifs, des associations, des entreprises qui innovent et investissent pour le bien commun. Cela donnera lieu à un magazine des initiatives le samedi en fin de matinée. C'est très important.

Enfin, j'ai décidé de changer le présentateur du vingt heures pour différentes raisons. David Pujadas est un très bon journaliste, mais, même si nos journaux continuent d'être très regardés, des questions se posent dans le public sur l'information générale, qui traduisent une forme de défiance : on nous accuse de ne pas dire la vérité ou d'être dans une forme de connivence avec les différents pouvoirs, politiques ou privés ; autant d'interrogations dont il fallait tenir compte. David en était à sa quatrième élection présidentielle, cela faisait seize ans qu'il présentait le journal ; ce n'est pas facile pour un journaliste qui a tenu, et bien tenu, l'antenne pendant si longtemps de céder sa place, mais je ne trouve pas scandaleux, et ce n'est pas non plus faire insulte à sa qualité de journaliste, que de lui suggérer d'envisager de faire autre chose… J'ai souhaité confier le vingt heures à une journaliste très expérimentée au parcours très complet – interviews politiques, émissions politiques, journal télévisé aussi… C'est ce qui a engendré la polémique.

Peut-être est-ce aussi à cause du tempo, mais le tempo n'est jamais bien choisi : on m'a reproché d'avoir annoncé la décision en même temps que la nomination du nouveau gouvernement, mais ce n'était évidemment pas mon intention… La télévision est un monde très compliqué, très émotif, très éruptif ; peut-être est-ce dû au fait que les journalistes sont confrontés au quotidien à beaucoup d'émotions dans leur métier. Les choses s'enflamment très vite, mais retombent tout aussi rapidement. Je dois dire que c'est plutôt calme en ce moment.

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