Le 6 mars 2017, les ministres de la défense et des affaires étrangères européens ont décidé de faire un premier pas, symbolique, vers une plus grande coopération en matière de sécurité et de défense, en créant un centre de commandement commun pour des missions militaires.
Le 17 juin dernier, la Commission européenne a accompagné cette initiative en proposant la création d'un fonds européen pour la défense constituant une avancée historique, un plan ambitieux auquel s'ajoutent, dans le cadre d'un volet « capacités », 5,5 milliards d'euros par an permettant aux pays membres d'acquérir des équipements militaires en réduisant les coûts. Le manque de coopération dans ce domaine coûte très cher à l'Europe des Vingt-huit. Les budgets cumulés approchent les 200 milliards d'euros, et selon les calculs de la Commission, la non-coopération coûterait entre 20 et 100 milliards chaque année.
La multiplicité des industries nationales de défense entraîne inexorablement des récurrences au niveau de l'armement européen et génère une concurrence insidieuse. Conformément au nouvel élan donné par le Président de la République, agir pour une nouvelle Europe était devenu indispensable, comme en témoignent ces signes tangibles de l'implication de l'Union européenne dans sa défense.
Toutefois, il nous faut être plus pragmatiques et approfondir cette coopération. Mutualisation et efficacité sont les deux facteurs qui favoriseront l'émergence d'une véritable Europe de la défense. La question est d'autant plus légitime et nécessaire que les dépenses militaires de la plupart des pays dotés des budgets les plus élevés devraient doubler d'ici à 2045. Rappelons qu'après le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, la France devient la seule armée engagée sur des théâtres d'opérations extérieures. C'est un poids budgétaire considérable qui nous différencie par rapport à l'Allemagne.
J'en viens à ma question : au vu des travaux de réflexion actuels sur l'avenir de la défense européenne en matière de sécurité, de la part des États membres, que pensez-vous de l'idée même de répondre à cette sacro-sainte vieille ambition, trop taboue à mon sens, de bâtir une armée européenne ? Cette dernière serait-elle réalisable selon vous ? Au-delà de votre point de vue politique, somme toute personnel, nous aimerions que vous puissiez nous éclairer sur son possible financement.