Monsieur le ministre d'État, je tiens à vous remercier pour votre présence parmi nous aujourd'hui et vous dire que le groupe du Mouvement Démocrate et apparentés est ravi à l'idée de travailler avec vous durant ce quinquennat.
Un tournant a eu lieu avec l'élection du Président de la République en ce qui concerne la question écologique. Loin de moi l'idée de soutenir que rien n'aurait été fait avant, mais il est certain qu'une porte vers un changement de paradigme vient de s'entrouvrir. Nous avons cinq ans pour nous y engouffrer. En matière environnementale, ce que nous ne ferons pas aujourd'hui ne pourra être fait demain. La politique des petits pas ne suffit plus ; cette fois nous devons faire face à nos responsabilités et embrasser un véritable tournant écologique.
Vous l'aurez compris, monsieur le ministre d'État, notre groupe sera toujours à vos côtés lorsqu'il faudra agir, parfois contre certains conservatismes, pour la protection de l'environnement et pour une révolution écologique.
Je souhaite aborder brièvement deux sujets : l'habitat de demain, qui doit se penser dès aujourd'hui, et la question de l'avenir de notre modèle agricole qui ne peut plus se concevoir sans prendre en compte l'impératif environnemental.
L'habitat de demain pose la question de l'aménagement du territoire, c'est-à-dire ce que nous voulons pour nos territoires. Si, par exemple, le concept des smart cities est très à la mode, c'est sous l'angle du développement durable que je souhaite aborder le sujet.
Plusieurs études font aujourd'hui état d'une pénurie de sable d'ici à 2050. Ce constat, sans pour autant être alarmiste, doit nous conduire à engager une réflexion sur la façon dont nous souhaitons bâtir l'habitat de demain. Le secteur du bâtiment est au coeur des enjeux du développement durable. Construire ou rénover des bâtiments de manière écoresponsable nécessite de considérer l'ouvrage dans son ensemble, depuis la production des matériaux qui le composent jusqu'à sa déconstruction. Comment ne pas citer ici les filières de matériaux biosourcés, déjà à l'oeuvre et soutenues par la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, mais qu'il conviendra d'accompagner davantage, car c'est une véritable filière verte, pourvoyeuse d'emplois et de ressources complémentaires, notamment pour nos agriculteurs ? Pouvez-vous nous exposer le plan d'action du Gouvernement sur ce sujet et peut-être dresser déjà un bilan de la situation actuelle de ces filières ? Je pense également au développement de constructions à énergie passive ou positive et à la végétalisation des opérations d'aménagement qu'il conviendra d'accompagner. Cela supposera de travailler de concert avec les acteurs du bâtiment, les collectivités et les promoteurs pour que l'impératif environnemental ne soit pas relégué au simple rang de critère, mais devienne bel et bien la règle.
Ma seconde question porte sur notre modèle agricole. J'ai accueilli avec grande satisfaction la déclaration commune que vous avez faite avec M. Travert lors de votre visite à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Vous avez raison : agriculture et environnement ne sont pas antinomiques. Prouvons au contraire leur complémentarité. Vous avez déclaré qu'il fallait « redonner de la sécurité économique aux agriculteurs et répondre aux demandes des consommateurs d'avoir une offre alimentaire différente ». Tel doit être en effet l'objectif.
À l'heure du lancement des États généraux de l'alimentation qui se sont tenus jeudi dernier et auxquels j'ai eu le plaisir de participer, il convient de rappeler que notre objectif n'est pas d'opposer entre elles agriculture conventionnelle et agriculture biologique. Cela étant, il nous faut développer d'autres formes de productions agricoles, au premier rang desquelles nous pouvons citer la permaculture et tous modes de production viables pour l'environnement et sains pour notre alimentation.
Pour ce faire, il faut envoyer un message fort à nos agriculteurs et leur dire que nous les accompagnerons dans toute forme de reconversion vers une agriculture d'excellence plus respectueuse de l'environnement. Tout comme l'écologie punitive, le changement des pratiques agricoles à marche forcée ne peut être productif. Il y a urgence : urgence à agir pour un modèle durable moins consommateur d'intrants, urgence à aider la recherche pour trouver des produits de substitutions qui pourront nous permettre, dans un avenir proche, de nous passer de tous les produits phytosanitaires dangereux pour l'homme et la planète. 33 % des terres agricoles du monde dépérissent sous nos yeux. Près de 40 % des surfaces agricoles françaises présentent ce risque de tassement irréversible.
Monsieur le ministre d'État, pouvez-vous nous apporter des précisions sur votre plan d'action pour réconcilier agriculture et environnement ?