Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Réunion du mercredi 24 janvier 2018 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Je suis très heureux de vous découvrir, et j'ai été très intéressé par votre vocabulaire et par vos analyses. J'ai beau avoir beaucoup d'amis au Quai d'Orsay, je n'en ai aucun parmi les spécialistes des États-Unis, sans doute parce que je considérais à tort que ceux-là ne constituaient qu'un magma informel de néoconservateurs ne méritant pas que l'on s'intéresse à eux. C'était une erreur, et je découvre en vous, en quelque sorte, mon « poil à gratter », car vos analyses s'avèrent très différentes de celles de l'équipe de spécialistes qui m'entoure.

Nous pensons en effet que les États-Unis sont une puissance dangereuse, d'abord parce qu'ils l'ont toujours été – en guerre pendant 222 ans sur 229 ans d'existence, c'est une nation agressive –, ensuite parce que c'est une puissance sur le déclin, qui perd toutes ses guerres, ce qui la rend plus dangereuse.

Selon vous, M. Trump constitue une rupture dans la continuité historique des États-Unis ; selon nous, il s'inscrit au contraire dans la logique du déclin, et il incarne de manière brouillonne, agitée extrême, les efforts tactiques fournis depuis des années par les Américains pour enrayer ce déclin.

La première cause de ce déclin a pour nom la Chine : si les échanges hors dollar continuent de se développer, la puissance du dollar sera remise en cause, et les États-Unis d'Amérique seront ramenés à ce que vaut réellement le dollar, c'est-à-dire rien. Leur tactique consiste donc à recentraliser la production, à couper la route des matières premières vers la Chine, à diviser les BRIC, qui restent leur plus gros adversaires, à monopoliser enfin les outils de la domination militaire.

J'aimerais, si ce n'est pas trop abuser, que vous me disiez ce qui ne correspond pas à la politique menée par Trump dans ce constat que je viens vous soumettre.

Quant aux parades que la France peut mettre en oeuvre – et je vous rejoins sur l'idée que j'ai toujours défendue que nous ne voulons pas d'un monde multipolaire mais d'un monde organisé –, quel rôle peut y jouer l'UNESCO, puisque c'est de nouveau une Française qui le dirige ? Pourquoi l'institution ne pourrait-elle servir de point d'appui à notre stratégie diplomatique ?

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