Je vous présenterai les principales conclusions de la Revue stratégique, ainsi que la manière dont elles s'articulent avec le projet de loi de programmation militaire que vous allez examiner.
En introduction, je voudrais souligner deux points. Premièrement, l'actualité internationale, qu'il s'agisse de la situation en Corée du Nord, de la situation au Levant, de l'évolution de la posture stratégique américaine, des développements de l'Europe de la défense, souligne l'importance des choix profondément politiques portés par le projet de LPM, choix sur lesquels nous nous sommes déjà interrogés dans la Revue stratégique. Deuxièmement, s'agissant de l'action internationale du ministère des armées, le projet de LPM fait de la coopération et des partenariats internationaux un de ses quatre axes majeurs ; c'est tout à fait significatif.
Mon propos se divisera en trois parties.
Je reviendrai tout d'abord sur l'état des lieux dressé par la Revue stratégique, tel qu'il se traduit dans les choix du projet de LPM. Ce sera l'occasion de faire un tour d'horizon des crises, mais aussi des fragilités, c'est-à-dire des points où la situation ne se traduit pas nécessairement par des crises où nos forces sont engagées, mais où nous exerçons une forte vigilance.
Je vous exposerai ensuite, dans une visée prospective, les tendances identifiables qui affectent les menaces qui pèsent sur notre pays et sur les milieux où nos armées vont opérer. Ce travail d'identification a constitué notre tâche principale au sein du comité de la Revue. Ce sont ces tendances qui ont façonné le projet d'armée décrit dans le projet de LPM.
Viendront enfin les conclusions à en tirer et les recommandations qui en découlent pour nos armées.
S'agissant de l'état des lieux, notre premier constat n'est pas celui de ruptures majeures depuis le Livre blanc de 2013, mais d'une accélération, d'une intensification des crises et d'un rapprochement de leurs effets. Notre second constat est celui d'un contexte stratégique en dégradation rapide et, surtout, durable. Il se caractérise à la fois par la simultanéité et le nombre élevé de crises ou de foyers de crises auxquels la France et l'Europe sont exposées, mais aussi – et c'est la présence de ces deux mouvements côte à côte qui rend particulièrement instable la situation actuelle – par une contestation et un affaiblissement croissants du système international, c'est-à-dire des normes et des institutions que nous avons prévues pour réguler les rapports de force et le recours à celle-ci.
Nos forces sont engagées sur de multiples théâtres de crises aiguës. D'abord et avant tout, sur le territoire national, où, depuis 2015, le dispositif Sentinelle a été renforcé, pour répondre au rapprochement de la menace. Au-delà de ce dispositif, des risques croissants s'observent sur nos approches aériennes et maritimes, du fait, notamment, des démonstrations de puissance russes, dans les domaines naval, sous-marin et aérien. Les forces armées sont donc mobilisées par l'ensemble de la posture de protection et de sûreté du territoire.
Cela est d'autant plus vrai si on envisage nos frontières de manière plus large, en ayant à l'esprit la crise migratoire, ou si on songe à nos espaces de souveraineté, à l'heure où un territoire comme la Guyane fait face à de nombreuses difficultés et de nombreux défis, tandis que les incursions de pêcheurs illégaux vont croissant dans nos territoires du Pacifique. Aujourd'hui, le territoire au sens large est donc à la fois un foyer de crise et une zone de déploiement opérationnel.
En bande sahélo-saharienne et au Levant, notre engagement direct est marqué par une amélioration des perspectives, notamment sur le plan militaire. La campagne militaire contre Daech enregistre des succès. Cependant nous avons des raisons de croire que la mobilisation politique et diplomatique, mais aussi militaire, devra se poursuivre durablement.
Sur les flancs est et nord de l'Europe, nous connaissons aussi des situations nouvelles de tension, en particulier depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et la déstabilisation du Donbass par la Russie, qui s'inscrit dans une « posture d'intimidation stratégique » telle que l'a décrite la Revue stratégique. C'est pourquoi nous nous sommes déployés au sol, en Estonie l'an dernier, en Lituanie cette année, et en Estonie de nouveau l'an prochain, dans le cadre de l'OTAN. Nous avons également poursuivi nos missions de police de l'air des États baltes, dans le cadre d'une mission de l'OTAN engagée depuis bientôt dix ans.
J'en viens aux régions fragiles, qui ne mobilisent pas directement nos forces, mais font l'objet d'une attention particulière de notre part. Des stratégies de puissance font leur retour en Méditerranée, notamment en Méditerranée orientale, au-delà des enjeux liés à la crise migratoire en Méditerranée centrale. Les Balkans continuent d'être à la fois traversés par des tensions internes, par les agissements criminels transnationaux des trafiquants de drogue, d'armes et de personnes et travaillés par des influences extérieures, telles l'influence russe, l'influence turque ou l'influence de mouvances prenant leur origine dans le Golfe. Globalement, une stabilisation s'observe par rapport à la période de guerre du début des années 1990. Mais nous ne saurions dire que nous sommes, de manière globale, sur une trajectoire positive.
Quant à l'Afrique subsaharienne au-delà de la bande sahélo-saharienne, des faiblesses en termes de gouvernance locale s'observent aussi. Des frustrations se font jour par rapport aux aspirations que nous nourrissions pour l'architecture de paix de l'Union africaine.
Enfin, l'Asie est marquée par des tensions croissantes, dont les implications nous concerneraient directement en cas d'escalade, soit compte tenu des accords avec nos partenaires dans la région, soit parce que, comme pays européen dont la prospérité dépend de la libre circulation, nous aurions à subir les conséquences de toute remise en cause de la liberté de navigation ou de toute crise locale extrême.
Telle est la situation actuelle. Lorsque nous extrapolons les tendances dans ces zones de crise, qu'il s'agisse des acteurs ou de phénomènes, plusieurs raisons nous conduisent à considérer que nous devrons continuer d'y être engagés, notamment sur le plan militaire, pour faire face aux différents défis et aux différentes menaces.
Trois tendances se dégagent ainsi du constat que je vous ai dressé dans cette première partie. Elles influent sur la dimension et sur la structure de nos forces armées.
La première tendance que l'on observe est le maintien d'une menace terroriste djihadiste. Daech a frappé en France et en Europe. Il s'étend à de nouvelles régions. Bien sûr, nous enregistrons des succès dans le cadre de la coalition militaire, de telle sorte que le califat territorial de Daech, entre l'Irak et la Syrie, est en train de se réduire : il n'en reste plus qu'un tout petit réduit dans la moyenne vallée de l'Euphrate.
Pourtant, ce serait une erreur de considérer que la fin du califat physique serait la fin de la menace terroriste pesant sur nous : la fin du califat physique n'est pas la fin du califat, de même que la fin de Daech n'est pas la fin du terrorisme islamiste. Nous allons sans doute observer un retour de Daech à la clandestinité, au Levant, de même qu'une dissémination des « revenants » dès aujourd'hui problématique, ainsi qu'une hybridation ou une recomposition avec des éléments d'Al-Qaïda, dont il ne faut pas oublier qu'il est encore actif, y compris dans la zone afghano-pakistanaise.
Bien sûr, c'est une bonne nouvelle que Raqqa ne soit plus aux mains de Daech, non seulement pour les habitants de la ville, mais aussi parce qu'est durablement atteinte la capacité de l'organisation à disposer d'un territoire, d'infrastructures et d'installations capables d'attirer des recrues, de les former et de les projeter sur notre territoire, c'est-à-dire sa capacité à monter des attentats sophistiqués. Nous continuerons néanmoins à faire face à des tentatives imputables à des individus ou à des groupes plus petits. La menace terroriste n'a donc pas disparu. Voilà la situation au Levant.
J'ai mentionné aussi l'Afghanistan et le Pakistan. Mais on pourrait évoquer aussi l'Asie du Sud Est, où Daech suscite aussi des effets déstabilisateurs. C'est également le cas dans la bande sahélo-saharienne.
La deuxième tendance, qui n'est pas nouvelle, est l'accélération de la prolifération, qu'il s'agisse de la diffusion des armes de destruction massive ou de la dissémination des armes conventionnelles.
En matière de dissémination conventionnelle, des missiles balistiques et des missiles de croisière qui étaient, hier encore, l'apanage de puissances étatiques, sont aujourd'hui aux mains de groupes non étatiques comme les Houthis au Yémen ou, ailleurs, le Hezbollah. Plus largement, on observe un nivellement des rapports de force militaires qui crée un risque de décrochage militaire pour l'Europe, surtout par rapport aux grands acteurs étatiques. La Russie et la Chine investissent en effet de manière ciblée et importante dans des technologies comme l'hypervélocité, la furtivité ou encore – tout particulièrement la Chine – dans l'intelligence artificielle, amenée à jouer un rôle central dans les systèmes de défense.
Nous observons un durcissement général des capacités militaires et des conflits ; un environnement opérationnel plus exigeant dans tout le spectre des engagements, des stratégies de déni d'accès remettant en cause nos capacités d'entrée en premier dans le milieu terrestre, dans le milieu naval, dans l'espace aérien… Dans les deux espaces particuliers que sont l'espace exo-atmosphérique et l'espace numérique, dont dépendent tant nos armées que nos économies, de plus en plus d'acteurs ont accès à des capacités de plus en plus sophistiquées et de moins en moins « signantes ». Il y a dix ou quinze ans, lorsqu'une agression avait lieu contre des moyens satellitaires dans l'espace, on savait identifier la nature de cette agression, comme on savait identifier qui en était l'auteur, car l'accès aux moyens anti-spatiaux était relativement réduit. Aujourd'hui, les actions ambigües sont plus nombreuses : s'agit-il d'une panne, d'un déni de service, d'une tentative d'agression ? Qui est l'agresseur ?
Il est donc d'autant plus important pour nous de disposer de moyens de connaissance de situation et de moyens de renseignement nous permettant de caractériser des agressions et d'identifier des agresseurs.
J'ai mentionné la prolifération des armes de destruction massive. La Corée du Nord a récemment franchi des étapes importantes, à un rythme dont la rapidité nous a surpris. S'agissant de l'Iran, l'attention générale est focalisée, à juste titre, sur le maintien de l'accord de juillet 2015. C'est effectivement une priorité. Mais nous ne devons pas oublier, d'une part, que cet accord a une durée de vie limitée, de sorte qu'un programme militaire iranien pourrait de nouveau voir le jour après son expiration ; d'autre part, que contrairement à ce que nous souhaitions, et du fait de la Russie, cet accord ne couvre pas les missiles balistiques. Or, les progrès de l'Iran dans ce dernier domaine, en termes tant qualitatifs que quantitatifs, sont extrêmement déstabilisants et potentiellement menaçants.
Enfin, s'agissant de l'arme chimique, ce que nous observons en Syrie est particulièrement préoccupant, non seulement pour les Syriens eux-mêmes, mais aussi pour la France. Cela mine en effet la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, une des normes sur lesquelles s'appuie notre sécurité, raison pour laquelle nous avions pris en 2013 une position très ferme. Au-delà du traité de non-prolifération, il s'agit en effet de l'instrument de non-prolifération – et même de désarmement, puisqu'il avait mené à la destruction de toute une classe d'armes – le plus universel. Aujourd'hui, sa violation en sape pourtant les fondements.
J'ai évoqué la prolifération de puissances qui ont cherché à acquérir, ou qui ont acquis, des capacités nucléaires militaires de manière illicite. Mais, parmi les États dotés « classiques », au sens du traité de non-prolifération, la Russie et la Chine reviennent à des postures plus agressives, pour l'une, et plus ambiguës, pour l'autre. Couplée à une augmentation qualitative et quantitative de l'arsenal de ces deux pays, ce phénomène nous fait évoquer, dans la Revue stratégique, le retour à une multipolarité nucléaire, qui est synonyme d'instabilité croissante et de risque d'escalade.
La troisième tendance observable est le retour de la compétition militaire. Des espaces nouveaux de compétition et de confrontation se sont ouverts : l'espace numérique et l'espace exo-atmosphérique. Ils permettent d'agir à distance, de s'affranchir de la distinction entre l'intérieur et l'extérieur des États, mais aussi de la séparation traditionnelle entre temps de paix, temps de crise et temps de guerre.
Un retour du combat à haute intensité se profile à l'horizon. Que ce soient des modes d'action faisant l'objet de simples préparations de la part de la Chine ou de la Russie, ou qu'ils aient déjà été mis en oeuvre par eux, comme par la Russie en Crimée ou en Syrie, le retour du combat à haute intensité, comme horizon pour nos forces armées, n'est pas une perspective lointaine ou purement hypothétique.
Nous avons décidé d'accélérer les livraisons pour mobiliser les capacités de combat de l'armée de terre, en accélérant la mise en oeuvre du programme Scorpion. Nos capacités et nos objectifs ont également été revus dans le domaine du renseignement civil (extérieur) ou militaire. Bien sûr, la priorité continue à aller au contre-terrorisme, car il s'agit de nos concitoyens et de notre territoire, mais la fonction connaissance et anticipation doit être réinvestie de manière beaucoup plus large, si nous voulons relever l'ensemble des défis potentiels, y compris ceux qui naissent de l'évolution des États eux-mêmes.
Voilà, en quelques mots, une description de l'environnement où se situe aujourd'hui la France, comme de celui que nous prévoyons. La Revue stratégique en tire deux grandes conclusions : un renforcement de notre autonomie stratégique et une consolidation des principales fonctions stratégiques nationales sont nécessaires ; un développement des alliances et des partenariats l'est aussi.
La combinaison de ces deux orientations – que je vais maintenant vous présenter – peut sembler paradoxale, mais ces deux efforts, loin d'être contradictoires, se renforcent mutuellement, comme l'a montré le travail mené en amont dans le cadre de la Revue stratégique.
La troisième partie de mon propos aura pour objet leur exposition.
Je commencerai par la consolidation de notre autonomie, c'est-à-dire par le renforcement de nos cinq grandes fonctions stratégiques.
Premièrement, la Revue conclut à la nécessité de consolider notre fonction dissuasion, dans ses deux composantes.
Deuxièmement, elle pose la nécessité de renforcer notre fonction connaissance et anticipation : face aux incertitudes du contexte stratégique, 1 500 personnels supplémentaires, sur les 6 000 prévus par la LPM, y seront dédiés, ainsi que 4,6 milliards d'euros d'investissements en équipements de renseignement. Une « posture permanente de renseignement stratégique » sera créée, comportant des programmes spatiaux et des programmes de surveillance aéroportée, avec un effort pour l'intelligence artificielle et ce qu'elle peut apporter dans l'exploitation du renseignement.
Troisièmement, le projet de LPM prend acte du nécessaire rééquilibrage de notre fonction prévention. Il prévoit un renforcement de notre dispositif prépositionné et son ouverture à nos partenaires européens, s'ils le souhaitent et si les pays hôtes en sont d'accord.
Quatrièmement, il convient de renforcer notre fonction protection. Un effort particulier doit être fait en faveur des moyens d'action dans le cyberespace, transverse aux cinq fonctions. Nous avons conclu à la nécessité d'une posture permanente cyber, air et mer, comme d'une mise en oeuvre des recommandations de la Revue stratégique Cyber, approuvée et rendu publique la semaine dernière. Ainsi, cette fonction bénéficiera de 1 000 effectifs supplémentaires et de 1,6 milliard d'euros de plus pour la durée de la LPM.
Cinquièmement, il faut renforcer notre fonction intervention. L'accélération de la livraison de matériels aux trois armées y concourra : frégates et sous-marins nucléaires d'attaque pour la marine, Rafale et ravitailleurs pour l'armée de l'air, accélération du programme Scorpion pour l'armée de terre. Un effort est également consenti pour la préparation opérationnelle, c'est-à-dire le nombre d'heures d'entraînement pour les pilotes, et de jours à la mer pour les marins.
Toutes ces actions nous ont semblé indispensables compte tenu de l'évolution du contexte stratégique et de la nécessité de renforcer et de maintenir notre autonomie, afin de faire face à un certain nombre des développements observables.
Ces actions vont de pair avec une très forte volonté de renforcer la coopération internationale et européenne, sur le fondement d'un triple constat.
Premièrement, la France ne peut pas répondre seule à la multiplicité, à la simultanéité et au durcissement des crises auxquelles elle va devoir faire face. Deuxièmement, depuis les cinq à dix dernières années, en raison des menaces qui pèsent sur l'Europe et de l'évolution de la position américaine, on constate une convergence stratégique entre Européens. Nous portons donc un message d'investissement accru dans la coopération européenne mais aussi un message beaucoup plus explicite que par le passé sur la manière dont nous entendons concilier autonomie et coopération dans les domaines militaire et des industries de défense. Nous avons fait l'effort de dire ce que nous voulions pouvoir faire seuls si nécessaire – sans exclure les coopérations mais sans en dépendre non plus – et ce qui, à l'autre extrême, peut, voire doit être fait en coopération. À la page 69 de la Revue stratégique, un tableau présente l'ensemble de nos capacités industrielles et toute la gamme des possibilités, entre ce que l'on veut à tout prix garder souverain, à l'autre extrême, ce que l'on peut acheter sur étagère et, entre les deux, les domaines dans lesquels on peut et on veut coopérer pour développer certains systèmes. Ces coopérations pourraient être réversibles, ou bien nous amener à franchir des seuils irréversibles parce que le degré d'interdépendance serait estimé suffisant pour ne pas devoir être remis en question à l'avenir. C'est le cas, par exemple, dans le domaine des missiles, avec le Royaume-Uni.
La dimension technologique et industrielle est essentielle au maintien de notre excellence et contribue aussi à la construction européenne et au renforcement d'une autonomie stratégique européenne face à nos adversaires mais aussi face à nos concurrents commerciaux qui peuvent être des partenaires – voire des alliés comme les États-Unis. Plusieurs programmes lancés par la LPM 2019-2025 sont prioritairement conçus dans la voie de la coopération européenne – c'est le cas du drone MALE et en matière de guerre des mines. D'autre part, l'accent mis sur l'innovation se traduit notamment dans le projet de LPM par l'augmentation de plus d'un tiers du budget des études amont qui passe de 730 millions à 1 milliard d'euros par an dès 2022.
Je vous ai beaucoup parlé de coopération européenne mais notre horizon ne s'arrête pas à l'Europe. Plusieurs partenariats extra-européens continuent d'être particulièrement structurants pour nos forces armées. C'est le cas bien sûr avec les États-Unis, avec nos partenaires dans le Golfe et de manière croissante avec l'Inde et l'Australie.
En conclusion, cette loi de programmation militaire est un texte de renouveau pour nos forces, nous permettant de faire face à la dégradation durable de notre environnement stratégique. Elle consolide non seulement notre autonomie mais elle nous donne pleinement les moyens de fédérer nos partenaires européens. Pas plus nous Français que nos voisins n'avons le luxe de choisir nos menaces ni de ne pas assumer nos responsabilités.