Madame Thomas, vous avez raison, 2020, c'est demain !
Cette saison des cultures africaines sera symboliquement importante car nous allons enfin recevoir et nous enrichir, et non exporter notre culture. Il s'agit d'un important changement, d'un axe majeur de notre politique culturelle et d'une priorité géographique.
Quels sont les leviers ? Principalement les réseaux culturels des ambassades, c'est une évidence, mais également l'offre très significative de formations professionnelles et la capacité à établir des réseaux pérennes de professionnels de la culture. De grandes écoles se développent. J'en ai visité une au Maroc, dont certains cours sont dispensés par internet, améliorant ainsi la capacité d'échanges des étudiants – certains venaient de Chine ou de tout le continent africain pour suivre ces enseignements.
Nous devons également examiner la question des visas accordés aux artistes, afin de les faire venir en France. Le ministère de la culture sera vigilant sur ce point.
L'Afrique est de plus en plus présente sur la scène artistique française – du Grand Palais à La Villette, de la Fondation Vuitton au musée du quai Branly. Quand je suis arrivée au ministère, j'ai demandé à visiter l'établissement présentant la culture dans sa plus grande diversité. Nous sommes allés à La Villette : une magnifique exposition d'artistes africains y était organisée, traversée par de nombreux collégiens – c'était réjouissant ! Elle avait suscité un grand intérêt. D'autres lieux les accueillent également : le musée du quai Branly, le festival d'Angoulême ou le festival d'Avignon, qui a reçu de très nombreuses troupes.
En 2017, la culture africaine a été très présente sur toutes les scènes françaises. Nous avons beaucoup à apprendre de cette jeunesse dynamique, intense, créative, et sortant du cadre. Je me réjouis que l'on travaille à l'organisation de cette saison.
L'aide aux cinémas du monde est cogérée par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et l'Institut français. Cet instrument de rayonnement extrêmement important accompagne les plus grands cinéastes internationaux. Tout le monde se souvient du film The Lunchbox réalisé par un cinéaste indien, de Mustang réalisé par une cinéaste turque, ou de En attendant les hirondelles de l'Algérien Karim Moussaoui, sans parler de Timbuktu. C'est l'une des priorités du CNC, qui développe les coproductions d'oeuvres audiovisuelles. Lors de mon premier Festival de Cannes, j'avais rencontré de jeunes réalisatrices d'autres continents. Elles m'avaient précisément fait part de l'importance du soutien du cinéma français.
De même, à l'occasion des Trophées francophones du cinéma de Yaoundé, au Cameroun, le CNC et ses partenaires ont lancé le premier fonds de soutien dédié à la jeune création dans les pays d'Afrique francophone subsaharienne et en Haïti. Ce fonds soutiendra les projets cinématographiques et audiovisuels, en négociant très en amont avec des diffuseurs pour garantir leur visibilité. Ces projets seront aidés à tous les stades – écriture, développement, production, postproduction –, toutes les étapes d'une production cinématographique nécessitant de lourds investissements. J'ai eu la chance de siéger à la commission d'aide à l'écriture, puis d'avance sur recettes du CNC. Je sais combien il est important d'accompagner un film dans toutes les étapes de sa création…
M. Girardin m'a interrogée sur l'exportation de nos musées et sur le Louvre Abou Dabi.