Intervention de Jean-Christophe Boyer

Réunion du jeudi 26 avril 2018 à 16h00
Commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain

Jean-Christophe Boyer, conseiller juridique de l'ANPDE :

Je pense que les infirmiers diplômés d'État craignent de se voir soustraire un champ de compétences. C'est une vision très étriquée, alors même que les compétences acquises par les puéricultrices permettraient de leur confier une analyse clinique en première intention. Venir en renfort du médecin, ce n'est rien prendre aux infirmiers diplômés d'État. Pourtant, il suffit que nous tentions d'obtenir des rendez-vous pour présenter nos demandes pour être cueillis à froid avec l'argument que nous cherchons à scinder le champ de compétence des infirmiers. Nous avons fait une seconde tentative lors de l'élaboration du projet de loi de santé de 2016, qui instituait les infirmières de pratique avancée. Nous considérions que nous pourrions disposer là d'une deuxième base juridique permettant de confier aux infirmiers de spécialité des missions de soins entre le médecin et la première ligne infirmière. Voyez ce qu'il est advenu : le texte s'est traduit par une fin de non-recevoir, les spécialités n'étant pas concernées. Les IADE et les IBODE ont réussi à négocier et à obtenir des champs de compétence supplémentaires, mais pour les puéricultrices, la négociation n'est même pas ouverte.

D'autre part, le passage à une formation spécialisée en deux ans est une idée extrêmement dangereuse : allez convaincre un établissement de financer la formation professionnelle d'une infirmière diplômée d'État qui veut devenir puéricultrice, mais qui, à son retour, n'aura le droit que de faire exactement ce qu'elle faisait auparavant ! Il y a eu un précédent pour les IBODE au début des années 2000 et cela avait entraîné la chute du nombre d'inscrits dans les écoles. Le risque est que si l'on ne reconnaît pas le champ d'exercice professionnel propre aux puéricultrices, le passage à une formation complémentaire en deux ans entraîne la diminution du nombre de professionnels qui parviendront à se spécialiser.

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